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1-0 pour les sables bitumineux. Voici, pour l’instant, le triste score du match qui est en train de se dérouler en Alberta.

Pourquoi un tel score en faveur de l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta ?

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Premièrement, parce que les études scientifiques indépendantes non dirigées ou chapeautées par Ottawa démontrent que les impacts environnementaux sont largement sous-estimés par l’industrie pétrolière et le gouvernement. Ainsi, un article publié en janvier 2009 dans la revue The Open Conservation Biology Journal et intitulé « Does the Alberta Tar Sands Industry Pollute? The Scientific Evidence », fait l’inventaire des impacts de l’extraction des sables bitumineux sur les écosystèmes et sur la santé humaine. Malgré des études crédibles comme celle-ci, l'empressement pour l'augmentation de l'extraction continue.

Deuxièmement, parce qu’une récente étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Science (États-Unis) explique que les activités d’extraction et les sites miniers provoquent une perte massive de zones humides et de tourbières dans le nord-est de l’Alberta à proximité des sites détenus par les compagnies pétrolières. Cette perte massive induit non seulement une diminution énorme de la capacité de séquestration du carbone atmosphérique par les zones humides mais aussi une augmentation de la quantité de carbone relâché par les tourbières en disparition. De plus, Rooney, Bayley et Schindler, les trois auteurs de cet article, battent en brèche les déclarations de l’industrie et du gouvernement albertain selon lesquels les zones affectées seront restaurées à la fin de l’exploitation des sables bitumineux. Selon les trois auteurs, cette déclaration est un cas typique de « greenwashing » parce qu’il est prouvé qu’on ne pourra pas restaurer ces zones. Cependant, le gouvernement canadien et l'industrie balaient d'un revers de la main ce genre d'études pourtant pertinentes.

Troisièmement, parce que d’autres études scientifiques et encore une fois indépendantes dénoncent le fait que le Canada ne respecte pas ses engagements de protection de certaines de ses zones humides comme celle de la Peace-Athabasca Delta une immense zone de 321 000 ha située à environ 200 km au nord des sites d’extraction des sables bitumineux et en aval de ceux-ci en suivant le cours de la rivière Athabasca. Cette zone est classée site Ramsar , du nom de la convention signée en 1981 par le Canada.

Rappelons que la Convention Ramsar sur les zones humides est « un traité intergouvernemental qui incarne les engagements de ses États membres à maintenir les caractéristiques écologiques de leurs zones humides d'importance internationale et à planifier « l'utilisation rationnelle », ou utilisation durable, de toutes les zones humides se trouvant sur leur territoire. »

Rappelons également que le Natural Resources Defence Council (Canada) a déclaré en 2009 la zone comme étant « une des plus extraordinaires et une des plus menacées du continent Nord-Américain.»

Rappelons finalement que cette zone est un des plus importants sites de nidification au monde. En effet, chaque année, des millions d’oiseaux migrateurs remontent du continent Sud-Américain pour venir nidifier dans cette zone. Ainsi, les scientifiques Timoney et Lee citent entre autre, dans leur article Does the Alberta Tar Sands Industry Pollute? The Scientific Evidence, une étude scientifique datant de 1974 (publiée par le Service Canadien de la Faune) qui considérait déjà que, je cite : « le développement des sables bitumineux de l’Athabasca constitue une menace sérieuse pour les oiseaux migrateurs et le Peace-Athabasca delta.» (Schick CD, Ambrock KR. Waterfowl investigations in the Athabasca Tar Sands Area. Ottawa: Canadian Wildlife Service. 1974). D'ailleurs, on se souvient qu'en 2010 plus de 350 oiseaux avaient péri en se posant dans un des immenses bassins de décantation créés par l'extraction des sables bitumineux. En 2008 également, ce sont près de 1600 canards qui avaient également péri dans un bassin détenu par la société Syncrude.

En conclusion, il est grand temps pour le grand public de prendre la mesure des impacts énormes des sables bitumineux de l’Alberta. Le gouvernement et l’industrie devraient se fier sur les études scientifiques indépendantes qui quantifient les effets sur l’environnement, la faune et la santé humaine. Un arbitre est censé être impartial, sauf que l’issue d’un match de hockey ou de football a beaucoup moins d’impact que la qualité de nos cours d’eau ou de notre environnement, pour notre bien collectif.

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