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On a retrouvé la trace du premier astronome. Il s'agit d'un être qui vécut sur notre Terre il y a plusieurs centaines de milliers d'années.

Imaginez-le. Dans l’obscurité quasi totale, sort de grotte pour la nuit. «Wra o!», (ma jambe !), pense-t-il. Une sourde et atroce douleur à la cheville l'a gardé éveillé jusqu'ici. Craintivement, il roule la pierre qui obstrue l'ouverture de son refuge. Il tend l'oreille. Aucun son suspect ne provient de la vallée. Doucement, lentement il passe la tête à l'extérieur. La douleur devient lancinante, puis elle disparaît soudain presque totalement. Notre ami vient d'apercevoir les feux des milliers des scintillements qui parsèment la voûte céleste. « Qu'est-ce que c'est ? » chuchote-t-il pour lui-même.

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Bien qu'âgé de vingt ans, ce qui en fait un des individus les plus vieux de la petite colonie d'humanoïdes qui habitent les grottes des environs, jamais avant aujourd'hui cette créature n'avait remarqué l'aspect nocturne du ciel.

À cette époque, la vie est difficile. Chasser et être chassé, voilà les préoccupations quotidiennes de ces êtres hagard s à la posture courbée, mal vêtue, ne mangeant que très rarement à leur faim, fuyant continuellement les fauves, cherchant sans arrêt une proie à capturer. Le climat est infect, les vêtements de peaux n'offrent qu'une médiocre protection. Les maladies et les blessures qui s'infectent ravagent la frêle collectivité humaine. La mortalité infantile est commune, le moindre rhume est fatal.

Lorsque le « Feu du ciel», s'apprête à disparaître, par petits groupes, les humains s'enferment dans le coeur de la montagne protectrice. Rapidement, la fatigue les plonge dans un profond sommeil.

Mais cette nuit, une créature ébahie veille à l'entrée de l’antre. Plus tôt aujourd'hui, il a été attaqué par une bande de hyènes. Il ne doit son salut qu'au fait d'avoir sauté dans un ravin. C'est à ce moment qu'il s'est foulé la cheville, cause de sa persistante douleur.

Maintenant, au beau milieu de la nuit, il observe les joyaux célestes avec tant de fascination que sa terrible douleur ne lui est presque plus perceptible. Le ciel flamboie. Là-bas, des points lumineux coulent sous l'horizon; du côté opposé, ils sont immédiatement remplacés par d'autres diamants aussi magnifiques que ceux qui viennent de disparaître. ' Fasciné, l'observateur échafaude des hypothèses pour expliquer ce qu'il voit. Son cerveau commence à raisonner, à réfléchir. Nous assistons à l’émergence de la pensée abstraite. Une science, la première de toutes les sciences, vient de naître. La créature étendue entre ciel et terre glisse lentement dans la rêverie. En regardant attentivement un groupe de petites lumières célestes, il les voit dessiner un grand oiseau, les ailes déployées, volant vers la rivière. Soudain, il sursaute. Une étoile se déroche du firmament, et laisse derrière elle une traînée lumineuse. Là, une autre étoile... puis une autre. « Comme c'est beau ! », pense-t-il.

L'astronomie venait de naître.

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