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Une juxtaposition de termes qui peut surprendre. Elle illustre un fait divers qui a eu lieu en mai dernier. La police de Miami avait abattu un homme nu alors qu’il était en train de dévorer le visage d’un sans-abri. Les premiers éléments de l’enquête avaient suggéré que l’homme était sous l’emprise de « bath salts » (sels de bain), un nouveau type de drogue aux effets incontrôlables.

En fait, la drogue en question n’a rien à voir avec les sels de bain parfumés que l’on met dans la baignoire. Si ne c’est qu’elle est souvent vendue sous ce nom et qu’elle se présente sous une forme cristalline qui ressemble à l’article sanitaire.

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D’autre part, les termes « sel de bain » sont associés non pas à une seule molécule, mais à une série de composés différents dont les propriétés s’apparentent à celles des amphétamines. Ces « designer drugs », (drogues sur mesure en français) comme on les appelle, ont été synthétisées pour contourner les législations existantes sur les stupéfiants.

La méphédrone est un exemple de molécule que l’on trouve dans les « sels de bain ». Elle a été synthétisée pour la première fois dans les années 1920. Elle refit son apparition en Europe comme « designer drug » en 2006. Malgré les sérieux problèmes de société causés par la méphédrone, elle y était essentiellement en vente libre jusqu’en 2010 quand la commission européenne l’interdit sur l’ensemble de son territoire.

Aux États-Unis, ce n’est finalement que le mois dernier que les autorités fédérales ont placé la méphédrone sur la liste des drogues interdites. Jusque-là, il était possible de se procurer de la méphédrone dans certains États si elle était vendue avec l’indication « impropre à la consommation humaine ». Ce qui explique le fait qu’on la retrouvait dans des paquets avec l’inscription « Sels de bain » (voir image ci-contre). Au Canada, la méphédrone n’est pas interdite en tant que telle, mais de manière générale en raison de son appartenance à la famille des amphétamines.

La structure de la méphédrone ressemble à celle de la cathinone, une molécule que l’on retrouve dans le kat. Les feuilles de cet arbuste, qui pousse en Afrique orientale et dans la péninsule arabique, sont mâchées par les populations locales pour leur effet stimulant et euphorique caractéristique des amphétamines.

Le MDPV est un autre exemple de molécules présentes dans les sels de bain. Sa popularité provient du fait que sa structure et ses propriétés sont similaires à une autre amphétamine, le MDMA, mieux connu sous le nom d’Ecstasy. Alors que l’usage du MDMA est strictement réglementé, ce n’était pas le cas jusqu’à récemment pour le MDPV. Ce n’est que le mois dernier que le président Obama a signé une loi classifiant le MDPV comme drogue illégale. Au mois de juin, le gouvernement fédéral canadien a annoncé qu’à partir de cet automne, le MDPV sera inscrit sur la liste des drogues illégales au même titre que la cocaïne ou l’héroïne.

Pour en revenir au cannibale de Miami, les tests toxicologiques subséquents n’ont trouvé aucune trace de « designer drugs » ou toute autre substance exotique dans son organisme. Il semble que la seule drogue impliquée était de la marijuana.

*« Élève intelligent, mais étranger à l’anglais ». C’est la phrase que ma professeure d’anglais avait inscrite sur le carnet scolaire que j’ai eu à présenter lors de mon examen oral de langue du baccalauréat. Où qu’elle soit aujourd’hui, elle apprécierait que maintenant j’enseigne en anglais à McGill.

Cliquez sur l’image pour voir quelques structures de « designer drugs » que l’on retrouve fréquemment dans les « sels de bain ».

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