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Je viens de trouver une illustration amusante du gouffre (parfois) insondable entre le scientifique et le journaliste scientifique. Sherlock Holmes et le Dr John Watson. Devinez qui est qui?

L’idée n’est pas de moi, mais elle sera lumineuse pour certains. Dans un billet inspiré par la série télévisée de la BBC qui transpose au 21e siècle les aventures du plus célèbre des détectives, la biologiste devenue journaliste Michelle Nijhuis rappelle d’abord ce passage du Signe des quatre , version originale (1890) :

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La déduction est, ou devrait être, une science exacte: elle devrait donc être constamment traitée avec froideur et sans émotion. Vous avez essayé de la teinter de romantisme, ce qui produit le même effet que si vous introduisez une histoire d’amour ou un enlèvement dans le cinquième postulat d’Euclide.

En d’autres termes, Sherlock Holmes n’aurait certainement pas été du genre à accepter qu’on enseigne aux communicateurs, vulgarisateurs et journalistes, qu’il puisse être important de raconter une histoire pour retenir l'attention du lecteur dans le cadre d’une nouvelle scientifique. En fait, il ne lui serait probablement jamais venu à l’esprit qu’il puisse être nécessaire de faire des efforts pour retenir l’attention du lecteur. Dans la version 21e siècle de la BBC, ça donne ceci:

— Holmes: Est-ce que des gens lisent vraiment votre blogue? — Watson: D’où croyez-vous que viennent nos clients? — Holmes: J’ai un site web. — Watson: Dans lequel vous énumérez deux cent quarante sortes différentes de cendres de tabac. Personne ne lit votre site web. — Holmes (faisant la moue): Deux cent quarante-trois.

J’ai soudain la plus grande admiration pour le Dr Watson, qui se fait reprocher à travers 56 nouvelles et quatre romans d’introduire trop de narratif, de superficialité et de sensationnalisme. Ah.

Je donne