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Or donc, un livre sur les blogues de science francophones est paru. Voici des textes qui, lancés du monde du numérique, ont atterri sur la planète papier... et ne s’en portent pas plus mal.

Témoignage de notre époque: le livre conserve, hélas pour les irréductibles du Web 2.0, une aura de crédibilité. Pour une large portion de la population, y compris —double hélas— beaucoup d’universitaires et de penseurs influents, les blogues représentent un sous-genre, un mode d’écriture mineur, un média sans crédibilité.

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Le livre leur apporte cette crédibilité.

Pensez aux deux principaux préjugés associés aux blogues: textes superficiels, rédigés sur le coin d’une table. Or, ce préjugé a une base un brin regrettable, et je ne pense pas à l’ado qui écrit sur tout et surtout sur rien: beaucoup des blogues publiés par les grands médias sont constitués de textes en moyenne plus courts et moins fouillés que ceux que le même auteur va rédiger pour l’édition imprimée.

Sauf en science, curieusement. Il suffit en effet de lire au hasard quelques textes des Meilleurs blogues de science en français pour réaliser à quel point on est très loin du texte écrit sur le coin d’une table. Et sur ce plan, les Anglos en ont fait l’expérience longtemps avant nous: impossible de continuer à entretenir des préjugés dès qu’on a lu quelques textes de l’annuel Best Science Writing Online . En fait, comme je l’écris dans l’introduction du livre, les blogueurs anglophones de science qui sont devenus des vedettes dans leurs domaines respectifs, autant les journalistes (Zimmer, Yong, Revkin...) que les scientifiques (Stephen Curry, P.Z. Myers, Bora Zivcovic...) n’auraient jamais atteint notoriété et crédibilité s’ils s’étaient contentés de textes superficiels et rédigés en vitesse.

La suite pour nous, francophones? Eh bien à présent que le livre est lancé, reste à voir ce que ça donnera en terme d’impact : au moment d’écrire ces lignes, j’ai été interviewé par une émission de radio québécoise spécialisée dans le numérique (La Sphère) et par une émission de radio française spécialisée dans la science (La Tête au carré). Dans le premier cas, on parle à des gens qui n’ont pas besoin d’être convaincus de la vitalité de la culture numérique. Dans le second cas? On verra, mais en attendant, il y a eu ce beau commentaire dont, même s’il ne s’adressait pas qu’au livre des blogues, je récupère l’essence :

La vulgarisation, c'est offrir à chacun la joie de se reconnaitre comme faisant partie de la communauté des humains pensant avec intelligence. Merci pour cette émission exceptionnelle de générosité.

Quant à l’écrit, ceux qui étaient au congrès de l’Acfas, à Québec, ont pu entrevoir un bel article dans le journal de l’Université Laval, le Fil des événements.

Mais à présent, c’est à votre tour. Croyez-vous en la possibilité de valoriser la communication scientifique par les blogues? Alors, saisissez l’opportunité offerte par ce livre: une opportunité, assez rare, pour rejoindre un public de «non-convertis». Parlez-en à votre radio étudiante, votre journal étudiant, ou le service des communications de votre université, même si aucun des blogueurs ne fait partie de votre communauté. Parlez-en là où on parle Web 2.0 —parce qu’il est bien rare qu’on trouve dans la même phrase «science» et «Web 2.0». Suggérez le livre à quiconque tient une chronique ou un blogue en culture. Suggérez-le à des profs qui se demandent quel contenu numérique «sérieux» ils pourraient bien utiliser en classe.

Rappelez-vous combien l’auto-promo n’est pas la matière forte des universitaires et des journalistes. Ces blogueurs, qu’ils soient vos collègues ou de simples connaissances de lecture, ont besoin que vous les aidiez à faire parler d’eux. Ce sera le meilleur service à leur rendre —pour les pousser à écrire plus, et mieux.

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