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Depuis plusieurs années, nous observons un déclin des insectes pollinisateurs sauvages en raison notamment de l’agriculture intensive. Victime d’un monde en mutation, l’abeille est menacée par l’usage de pesticides, par la monoculture et la transformation des paysages qu’elle a l’habitude de côtoyer partout sur la planète.

Il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau ou récent. À toutes les époques, les abeilles ont toujours été une sorte de baromètre écologique et incarnent même l’équilibre entre nature et culture, sur lequel on projette nos angoisses et nos idéaux. Aujourd’hui, nous devons nous faire du souci pour elle, car sa disparition augure un avenir bien sombre pour l’humanité. Qu’arriverait-il alors dans un monde sans abeilles?

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En vous expliquant tout ce qu’elles font pour nous, je pense que vous aurez la réponse. Les abeilles et autres insectes pollinisateurs représentent par leur action la reproduction de plus de 80 % des espèces végétales, 35 % de la production alimentaire mondiale en tonnage et la production de plus de trois quarts des cultures dans le monde. Seules 25 % des cultures ne dépendent pas de l’action des insectes pollinisateurs. La plupart des cultures de fruits et légumes, d’épices, de cacao et même du café dépendent de ces insectes pollinisateurs. Excepté pour le blé et le soja, il faut un intervenant extérieur pour 80% des plantes à fleurs.

L’abeille et la fleur ont donc évolué ensemble depuis cent millions d’années jusqu’à ne plus pouvoir se passer l’une de l’autre. Incapables de s’autoféconder, la plupart des plantes à fleurs déploient d’ingénieux stratagèmes pour attirer les pollinisateurs. Dans leur quête de nectar, ceux-ci, à leur insu, les fertilisent. Parfois le vent, l’eau, les oiseaux et autres animaux peuvent aussi jouer marginalement ce rôle, mais les insectes arrivent largement en tête. De son côté, l’insecte a besoin de nectar et de pollen, riches en sucre et en protéines, pour se nourrir et nourrir ses larves. Les abeilles repèrent les fleurs à pollen notamment grâce à leur couleur. Il leur suffit de trois visites pour qu’elles la mémorisent à vie. Sans ces vaillants insectes, nombre de plantes disparaîtraient de la surface de la Terre.

Dans l’état du Rhode Island, un supermarché a fait une flagrante démonstration de ce qui arriverait à notre alimentation sans les abeilles. Le commerce avait retiré des étalages toute la nourriture qui existe grâce aux abeilles : 237 aliments sur un total de 453 avaient disparu.

Pourquoi les abeilles sont dans une situation aussi critique

Elles doivent faire face à de nombreuses menaces. Une étude publiée au début du mois d’octobre affirme que les polluants atmosphériques des moteurs diesel peuvent perturber le processus olfactif grâce auquel les abeilles localisent les fleurs. Les chercheurs mettent même en garde que ce phénomène pourrait être également néfaste pour de nombreuses autres espèces d’insectes. Mais la plus grande menace demeure les pesticides, même à des niveaux jugés sécuritaires. Ce serait la principale raison pour laquelle les abeilles tombent comme des mouches, pour faire un mauvais jeu de mots. Déjà que l’agriculture intensive et la monoculture font disparaître nombres de pâturages si chers aux abeilles. En plus de faire face à la menace des pesticides, les abeilles trouvent de moins en moins de pollen.

À compter du 1er décembre 2013, trois pesticides utilisés seront interdits dans l’Union européenne. La Commission européenne a confirmé le 24 mai dernier sa décision de restreindre pendant deux ans à compter du 1er décembre l’utilisation de trois pesticides mortels pour les abeilles commercialisés par Bayer et Syngenta, qui ont exercé de fortes pressions pour éviter l’interdiction. Les restrictions visent des pesticides utilisés dans le traitement de végétaux, dont les céréales, attirant les abeilles et les pollinisateurs.

Malheureusement, un pesticide qui nuit aux abeilles et à la pollinisation est toujours approuvé au Canada. Les composés les plus employés s’appellent clothiamidine et thiamétoxane. Depuis quelques années, la quasi-totalité des semences de maïs vendues au Québec et plus de la moitié des semences de soya sont enrobées avec ces produits. Au cours des deux dernières années, les pesticides de la classe des néonicotinoïdes (dont font partie les trois pesticides bannis d’Europe pour les deux prochaines années), dont fait partie le clothianidine utilisé ici, ont été associés à des cas de mortalités massives d’abeilles au Québec, au Manitoba et en Ontario. Et cela se vérifie dans les champs où butinent les abeilles et où elles s’abreuvent. L’an dernier tous les échantillons d’eau contenaient de la clothiamidine et 60 % de la thiamétoxane. Et on parlait de taux à 100 fois la dose mortelle.

Ces produits affectent la capacité des abeilles à rechercher leur nourriture et les empêchent de retrouver leur ruche. Leurs fonctions métaboliques, immunitaires et reproductives sont aussi altérées. À la saison où les agriculteurs sèment le maïs et le soya dans les champs qui s’étendent à perte de vue dans le sud du Québec, il se passe dans l’ombre une mortalité d’abeilles sans précédent.

Comment ces poisons ont été autorisés alors qu’ils menacent l’insecte le plus utile à l’agriculture ?

Les fabricants disaient que les abeilles ne butinent pas le maïs et ne seraient donc pas exposées. Ils n’avaient cependant pas prévu que des particules de ces pesticides se déposent sur d’autres plantes comme les pissenlits, qui sont très importants pour les abeilles au printemps. La poussière se dépose aussi sur l’eau où les abeilles s’abreuvent devient une autre source de contamination. Le problème est majeur, car depuis quelques années, il est quasiment impossible de se procurer des semences ne contenant pas ces pesticides.

Dans un monde où jusqu’à 100 000 espèces disparaissent chaque année, la disparition des abeilles pourrait être le summum d’un monde transformé de façon permanente. Et si l’abeille disparaît, l’avenir serait plutôt sombre pour nous. Pour citer Albert Einstein :

« Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre » – Albert Einstein

www.maplanetebleue.com

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