Un amputé a recouvert le sens du toucher grâce à une prothèse de main bionique. Cette avancée démontre les avancées vertigineuses de la cybernétique au XXIe siècle.

Rendre à un amputé le sens du toucher, ce n’est plus de la science-fiction. L’équipe de Sylvestro Micera, de l’école polytechnique de Lausanne (EPFL) a mis au point une main artificielle capable non seulement de répondre avec précision aux commandes du cerveau mais également de lui transmettre des sensations basiques. Cette prothèse a été installée en janvier sur un Danois de 36 ans Dennis Aabo Sorensen qui a pu, à ses dires, retrouver une perception sensorielle en temps réel.

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Le prototype exploite les nerfs du moignon du membre manquant auxquels sont branchées des électrodes connectées à des tendons artificiels qui répondent aux signaux électriques. Le patient a été capable d’identifier des objets et de décrire leur forme et leur texture. Bien que l’appareil ait déjà subi une batterie de tests, il est encore considéré comme étant en phase expérimentale et sa commercialisation devrait attendre entre cinq et quinze ans.

Il existait déjà, avant cette avancée, des prothèses capables réagir aux commandes du cerveau mais elles présentaient l’inconvénient d’être très difficiles à contrôler. En effet l’efficacité de nos mains repose grandement sur notre capacité à sentir ce qu’elles manipulent et à s’adapter en fonction, on ne peut pas manier de la même façon un œuf et une poêle. La précision de nos mouvements est également affectée par notre faculté à sentir que nous bougeons, et ce qui bouge chez nous.

Mais l’aspect véritablement étourdissant de cette réussite scientifique est bien le fait qu’il soit possible de restituer des perceptions par le biais d’une machine. Bien que les sensations envoyées par les capteurs de cette main bionique soient encore grossières, elles ne sont pas moins ressenties par le patient. La finesse des mouvements et de la restitution des sensations sont à présent une simple question de progrès technique, la prouesse scientifique est quant à elle accomplie.

De nombreux projets de cybernétiques sont en train de voir le jour et de repousser les limites de ce que l’on pensait possible. Cette avancée peut nous amener à rêver que la technologie pourra bientôt venir compenser ce que la médecine ne pouvait soigner. Nous serons peut-être capables un jour de rendre la vue ou l’ouïe à des personnes qui n’ont jamais vu ou entendu. À l’instar de Jules Vernes et de ses sous-marins précoces, les rêveurs du cyberpunk ont entrevu un futur qui est en train de devenir réalité. Nous avons fait un nouveau pas dans l’ère de l’homme augmenté.

Arthur Darrasse

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