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Pour se souvenir de nos rêves, il faut être éveillé. C’est l’expérience qu’a voulu élucider l’équipe de Perrine Ruby, chargée de recherche en neuroscience cognitive à l’institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), spécialisée dans le domaine des neurosciences cognitives.

Entre rêve et réalité, le cerveau nous joue des tours

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L'hypothèse avait déjà été avancée en 1976 par deux scientifiques. Pour ces derniers, il n'était pas possible pour le cerveau de mémoriser des souvenirs sans être en état de conscience. Alors, comment pouvait-on expliquer nos nombreux souvenirs de cauchemars insolites du petit matin? L'expérimentation s'est fait grâce à des rêveurs volontaires qui ont accepté que l'on observe leur activité cérébrale durant leur sommeil. L'hypothèse proposée il y a de ça plus de trente ans s'est avérée.

Les «grands rêveurs» possèdent une activité cérébrale plus importante que les «petits rêveurs» durant leur sommeil, selon les résultats de l'expérience de l'équipe de Perrine Ruby en collaboration avec d'autres neuroscientifiques de Lyon en France. Sont-ils plus intelligents? Pas du tout. C'est simplement qu'une partie du cerveau qui contrôle le traitement de l'information est plus active chez les grands rêveurs.

Rêver éveillé

La jonction temporo-pariétale et le cortex préfrontal médian, deux entités du cerveau responsables de notre sensibilité à l'environnement extérieur, en seraient les déterminants. Selon les chercheurs, on observe une plus forte activité cérébrale de ces parties du cerveau chez les personnes qui se souviennent de leurs rêves. La sensibilité activerait donc le sommeil de certains rêveurs. Selon Perrine Ruby, «[…] les grands rêveurs réagissent plus aux stimuli de l'environnement et se réveillent plus au cours de leur sommeil que les petits rêveurs, et ainsi [...] ils mémorisent mieux leurs rêves. En effet, le cerveau endormi n'est pas capable de mémoriser une nouvelle information en mémoire, il a besoin de se réveiller pour faire ça.» Les grands rêveurs sont conscients durant leur sommeil. Certes, mais vont-ils jusqu'à contrôler leur imagination au point de guider la destinée de leurs songes?

Contrôler les rêves

Imaginez que l'individu étrange qui vous poursuit depuis une éternité dans votre rêve puisse soudain disparaître. Il suffit d'y penser... Certains chercheurs en neurologie, psychologie ou encore en développement personnel, s'accordent pour dire que nous sommes capables de contrôler nos rêves. Après la possibilité de mémoriser ceux-ci, la lucidité de nos moments de conscience durant notre sommeil, va jusqu'à stimuler notre imagination. Selon Sophie Schwarz, professeure de neuroscience à la faculté de médecine de l'université de Genève, le cortex frontal du cerveau nous permettrait d'expérimenter des rêves en réalité. Nous sommes capables de jouer avec la réalité fictive de nos rêves pour la rendre plus douce. Merveilleux! La chercheuse ajoute que cette découverte permet notamment de mettre en place des mécanismes pour éviter les cauchemars redondants. En prenant conscience d'une issue positive, certaines expérimentations scientifiques ont permis de soigner des troubles du sommeil. Freud avait peut-être raison, le rêve nous donne accès à l'immense complexité de notre cerveau.

Il reste à ne pas oublier que le seul lieu de liberté d'imagination encore intacte se trouve dans nos rêves. Songeons donc peut être à ne pas tout vouloir expliquer.

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