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L'un des ateliers du dernier congrès Science Online était presque surréaliste. Vendredi midi, dans la salle 7 du pavillon McKimmon à l'Université de Caroline du Nord, des gens étaient venus apprendre comment utiliser Twitter pour couvrir un événement en direct... et ils couvraient l'événement en direct sur Twitter!

Comment rester concentré tout en twittant en direct: c'était le titre. Et si, en cours d'atelier, j'ai fait valoir qu'à mon avis, il est impossible de prendre adéquatement des notes et de Twitter tout aussi adéquatement en direct —parce que notre cerveau n'est pas fait pour se concentrer sur deux choses en même temps— je n'en ai pas moins joué le jeu: oui, moi aussi, j'ai cédé à la tentation de twitter en direct (mot-clic: #ScioLive).

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Attention, j'ai bien dit «se concentrer». On peut marcher tout en parlant ou en mâchant de la gomme, parce que ces tâches ne requièrent pas de concentration. Mais Twitter? Je ne sais pas pour vous, mais pendant que je réfléchis aux 10 caractères qu’il faut que j’enlève pour atteindre les 140 requis, je perds temporairement le fil de la discussion.

Ce n'est pas l'avis d'Erin Podolak, communicatrice à l’Institut du cancer Dana-Farber, et twitteuse émérite, pour qui le «twivage» (ou live-twit pour les Français) se résume à des préférences personnelles: il y a ceux qui veulent twitter plus modérément, et il y a celles pour qui, comme elle, «Twitter est un acte très égoïste: c'est ma façon de prendre des notes».

Risquer sa réputation en 140 caractères?

Une question qui a occupé une partie de l'atelier, est celle de la réputation. L'instantanéité d'un twivage peut-elle nuire à ma réputation? À celle de mon employeur? Pour les universitaires, se pose du coup la question de la liberté académique. La solution réside-t-elle dans l'ouverture de deux comptes, un professionnel et un personnel? Les twitteux déjà actifs semblaient tous le déconseiller: leur contre-suggestion était tout simplement de «réfléchir avant d'écrire». Et «ne jamais écrire saoul».

Vous êtes insécure? David Manly, journaliste scientifique à Toronto, qui animait l’atelier —ou plutôt, le dirigeait: on privilégie la formule «non-conférence» ici— recommande de s'exercer d’abord au twivage avec des événements sans controverses, comme le sport ou les Oscars. Ce qui le surprend le plus, «c’est que certaines personnes oublient le «social» dans média social»: ce qu'il veut dire par là, c'est qu'inévitablement, des internautes iront voir votre profil, essaieront de se faire une idée de qui vous êtes à travers votre compte Twitter. Personne n’écrit dans un vacuum: c'est pour ça qu'on emploie le mot conversation...

Et Manly a lui aussi conseillé de «penser avant de twitter». Mais beaucoup de gens autour de moi ne l’ont pas entendu, trop occupés qu’ils étaient à twitter.

En vrac:

  • Twitter une conférence en direct est indéniablement plus facile si vous êtes payé par l'institution qui l'organise: vous aurez peut-être accès au texte, aux diapos ou à des citations avant de commencer.
  • Il vaut mieux traduire en vos mots que de viser le verbatim.
  • Plus on gagne en expérience dans un domaine, et plus on est confronté à la difficulté de distinguer clairement, pour nos lecteurs, ce qui vient du conférencier et ce qui constitue notre opinion (Janet Stemwedel).
  • Les photos ont une grande valeur sur Twitter (elles sont plus souvent RT) et devraient être davantage utilisées.
  • Si on twitte un événement scientifique, se rappeler que ce ne sont pas tous nos abonnés qui seront intéressés. Il est bon de les prévenir à l’avance de l’avalanche qui se prépare.
  • Vous allez perdre de toute façon des abonnés si vous twittez en direct. Mais vous allez en gagner d’autres. «Ne devenez pas esclave des chiffres» (David Manly).

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