Une «politique scientifique» indique la manière de répartir les fonds publics accordés aux différentes activités scientifiques d'un pays et permet ainsi à l'État de soutenir certains domaines de recherche plus que d'autres. Pourtant, les citoyens, chercheurs ou non, ne s'y intéressent guère...

Depuis sa naissance en 2011, l'Association science et bien commun a constaté un net manque d'intérêt dans la société civile québécoise pour le débat public autour des politiques scientifiques, même parmi les chercheurs pourtant directement affectés par ces politiques. Seule une minorité d'initiés semble passionnée par cette question et bien la connaitre, ce qui est toujours dangereux sur le plan démocratique.

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L'enquête Web Les Québécois, les Québécoises et la science a clairement montré que les citoyens québécois, chercheurs et non chercheurs confondus, reconnaissaient leur manque d'information sur les politiques scientifiques québécoise et fédérale et souhaitaient en être mieux informés. Mais pour s'informer avec intelligence, il faut s'y intéresser au minimum...

Pourtant, cet enjeu politique est majeur. L’élaboration des politiques scientifiques nationales (ou stratégies de recherche et d’innovation) offre aux sociétés l’occasion de faire des choix quant aux domaines de recherche et projets scientifiques qui seront soutenus par les institutions et les fonds publics. Des finalités et des idéaux variés tels que le soutien au développement économique, l’accroissement des connaissances fondamentales et la recherche de solutions à des problèmes concrets pourront être soit privilégiés, soit abandonnés, tout comme des disciplines ou des secteurs de la recherche (recherche universitaire, recherche par les organismes gouvernementaux, recherche dans les entreprises, etc.).

De la même façon, les politiques scientifiques peuvent conduire un État à encourager ou à délaisser certaines formes d’interactions entre le monde scientifique et le reste de la société, ainsi que certaines valeurs collectives propres au monde scientifique (libre accès aux publications, responsabilité sociale et environnementale des universités, économie du savoir, etc.).

Au moment où les choix du gouvernement fédéral canadien en matière de recherche et d’innovation suscitent des controverses à l’échelle du pays, notamment par son mépris de la recherche fondamentale et non commercialisable, et où le nouveau gouvernement québécois semble remettre en question la Politique nationale de la recherche et de l’innovation (PNRI) adoptée il y a quelques mois à la suite d'un long processus de consultation, il paraît essentiel de redoubler d'efforts pour relancer le débat public sur le processus d’élaboration et de réception des politiques scientifiques québécoise et canadienne : mettre en évidence les choix qui ont été faits, anticiper leurs conséquences possibles et explorer les possibilités pour l’avenir.

Tout comme le fait le projet Je vote pour la science de l'Agence Science-Presse, animer cette réflexion collective fait partie de la mission de l'Association science et bien commun. Le constat présenté ici rend inévitable une première étape: stimuler l'intérêt des Québécois, chercheurs et non chercheurs, pour les enjeux de politique scientifique.

C'est pour générer des idées précises à ce sujet que l'Association organise un Bar des sciences «en musique» le 14 mai à Montréal, de 17 h à 20 h. Gratuite et ouverte à tous, cette activité publique inclut un récital de musique classique et de chansons françaises par de jeunes étudiants du Conservatoire de musique de Montréal qui, eux aussi, aimeraient mieux comprendre. Une page web déjà en ligne accueillera les propositions en même temps qu'elles seront discutées sur place; les personnes qui ne seront pas au Bar des sciences peuvent bien sûr y contribuer à distance dès maintenant et dans les prochaines semaines.

Le lendemain, le 15 mai de 9h à 1 h, un colloque (payant), intitulé Les politiques scientifiques, au carrefour entre l’État, la société et le monde scientifique. Bilan et propositions», tenu dans le cadre du congrès de l'ACFAS à l'Université Concordia, reprendra ces questions. La matinée sera consacrée aux politiques scientifiques canadiennes et l’après-midi à la question du libre accès dans les politiques scientifiques dans les pays du Sud, puis aux manières d’intéresser davantage les chercheurs et les non-chercheurs aux débats sur les politiques scientifiques de leur pays. Toutes les activités seront filmées et mises en ligne.

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