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Il en est parfois de différents aspects d’une discipline comme des actions cotées en bourse: leur valeur fluctue au fil du temps. Un temps quand même plus long que celui qu’affectionnent les boursicoteurs, mais qui peut néanmoins créer quelques «hypes», «buzzwords» ou autres bulles spéculatives qui finissent par exploser, si l’on veut continuer avec notre analogie

Avant de donner deux exemples de ce dernier phénomène, un cas d’une cote qui monte lentement mais sûrement depuis des années, celle des cellules gliales.

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Aussi nombreuses que les neurones dans l’ensemble du cerveau, ces cellules dont le nom évoque la colle («glue», en anglais) ont été considérées une bonne partie du XXe siècle comme de simples cellules de soutien aux neurones, leur fournissant les nutriments nécessaires grâce à leur position stratégique entre les neurones et les capillaires sanguins du cerveau. Avec le développement de techniques permettant d’observer les flux d’ions calcium dans les années 1980, on s’est progressivement aperçu que ces cellules communiquaient entre elles sans utiliser les potentiels d’action typiques des neurones (et même pour ça, il y a des exceptions…).

Aujourd’hui, on découvre que les cellules gliales semblent être à l’origine de plusieurs pathologies cérébrales impliquant des processus inflammatoires, comme le résume le premier lien ci-bas.

À l’opposé, on peut d’autant plus parler de «décote» pour les neurones miroirs que la bulle spéculative sur leurs possibles fonctions a été pour le moins imposante.

On leur a ainsi attribué un rôle dans notre compréhension des intentions et des états mentaux des autres, notre capacité d’imitation, l’empathie (ou ses troubles, par exemple l’autisme), l’évolution et l’apprentissage du langage (l’aire F5 où on les a découverts chez le singe est considérée comme l’homologue de l’aire de Broca), etc.

Mais bientôt, plusieurs problèmes ont été soulevés, entre autres en ce qui concerne la théorie de la compréhension des actions et des états mentaux de nos semblables. Cette théorie, qui a soulevé beaucoup d’enthousiasme parce qu’elle est simple à comprendre et semble aller de soi, empêcherait selon certains auteurs l’exploration d’autres fonctions potentiellement aussi intéressantes pour les neurones miroirs. Ainsi, les neurones miroirs pourraient «enrichir» de manière sensori-motrice certains concepts abstraits, par exemple celui de saxophone ou d’un style de danse particulier.

Les scientifiques à l’origine de la découverte des neurones miroirs dans les années 1990 ont admis depuis que ces neurones pourraient avoir un rôle plus restreint que ce qui avait d’abord été anticipé. C’est à cette reconsidération du rôle des neurones miroirs que se consacre aussi un livre à paraître le mois prochain, The Myth Of Mirror Neurons, de Gregory Hickok, présenté dans le 2e lien ci-bas.

Enfin, dans une perspective déflationniste plus large (!), le dernier épisode de Brain Science Podcast, animé par Ginger Campbell, s’intitule Avoiding «Neuromania» et traite de la «rançon de la gloire» du développement fulgurant des neurosciences depuis quelques décennies. À partir de quatre bouquins parus au cours des dernières années sur le sujet, Campbell résume le propos de ces auteurs qui mettent en garde contre les nombreux glissements possibles quant au pouvoir explicatif des neurosciences pour des comportements complexes comme la dépendance aux drogues. À garder à l’esprit, donc, surtout quand on lit un article dans les grands médias, illustré d’une belle photo de cerveau avec des régions colorées, qui commence par «Une étude en imagerie cérébrale montre que…».

Glia: Earning Some Respect.

The Myth Of Mirror Neurons.

Avoiding «Neuromania» (BSP 109).

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