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La recherche d’une température plus clémente nous plonge dans le passé et les fantômes de la ville de Narbonne, surnommée la «Romaine». En l’absence de monuments, des pierres réunies en un musée silencieux témoignent de la grandeur perdue de cette importante colonie d’il y a 20 siècles. De quoi chasser la chaleur suffocante estivale!

Une agréable fraicheur nous accueille lorsque nous poussons la porte du Musée lapidaire de Narbonne.

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Celui que l’on désigne comme «deuxième musée lapidaire d’Europe après Rome» prend place dans l’ancienne église Notre Dame de Lamourguier vestige gothique méridional d’un couvent du 13ème siècle.

Le musée rassemble près de 1300 blocs de pierre empilés pour former un labyrinthe hétéroclite où le curieux erre en quête d’informations et de connaissances —aucun panneau ni aucune légende ne trônent au bas des pièces!

Ces blocs proviennent des anciens monuments romains de la ville dont la cité a effacé toutes traces. Les éléments funéraires et les autres pièces d’importances ont formé longtemps les renforts et décorations des remparts de la ville.

Érigées sous François 1er et démantelées au 19ème siècle sous l’impulsion de Napoléon III, les fortifications ont prélevé des morceaux d’histoire pour les employer dans la constitution des murs de la cité narbonnaise. Ils forment maintenant un bric-à-brac déconcertant —surtout en l’absence d’explication!

L’assemblage incongru des pièces —une pièce romaine voisine une autre du 17ème siècle— nous parle toutefois de la métamorphose de la ville au cours des siècles. C’est là que subsiste la mémoire de Narbo Martius, la première colonie romaine de Gaule (118-117 avant J.-C.) après la création de la Provincia .

Vestiges et écritures anciennes

Ces témoignages immobiles du passé nous renseignent tout de même sur l’histoire du costume, la vie quotidienne, les mœurs, sans compter le sens de la beauté de l’époque. Plissé d’un vêtement, boucles d’une coiffure ou encore courbe d’un nez, quelques statues et silhouettes surgissant des blocs de pierre voisinent des animaux presque mythiques —la tête d’un minotaure ne se dresse-t-il pas sous nos yeux?— des vases utilitaires, ou sacrés, et de froids cercueils ouvragés.

Des chercheurs du Centre de recherche scientifique Camille Jullian, basé à Aix-en-Provence, sont toutefois parvenus à reconstituer certains des casse-têtes antiques. Ils sont parvenus à assembler près de 700 inscriptions de monuments publics et funéraires datant des deux premiers siècles de notre ère.

À la surprise du visiteur, il ne subsiste aucun grand monument romain dans la ville, sauf quelques pavés de la Via Domitia —voie romaine reliant l'Italie à la Gaule narbonnaise— affleurant au centre de la ville et des galeries souterraines enfouies sous un entrepôt public (Horreum romain) aujourd’hui disparu.

C’est pourquoi les archéologues recherchent activement les vestiges de l’ancien port romain sur le site de l’actuel port de plaisance de Narbonne (Port-la-Nautique, au nord du grand étang de Bages/Sigean) afin de mettre à jour l’ancien canal romain mais aussi les restes des entrepôts, des jetées et même une plage. De quoi ressusciter la grandeur romaine de Narbonne et alimenter les musées régionaux en de nouvelles pièces archéologiques!

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