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Jouet très prisé des nourrissons, Sophie la girafe a été vendue à 50 millions d'exemplaires depuis sa mise en marché il y a plus de 50 ans. Voilà cependant qu'en 2011, l'Association UFC-Que choisir crée la controverse : la célèbre girafe serait cancérigène!

L'organisme a en effet testé 30 jouets pour les tout-petits pour déterminer s'ils contenaient des toxines néfastes pour la santé. Ils ont ainsi déterminé que cette pauvre Sophie libérait des précurseurs des nitrosamines lorsqu'elle était mâchouillée.

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Les précurseurs des nitrosamines sont des composés qui peuvent se transformer en nitrosamine dans certaines circonstances, par exemple en contact avec l'acidité de l'estomac. Les nitrosamines, elles, sont des substances qui se retrouvent couramment dans l'environnement. Elles proviennent de produits chimiques utilisés en agriculture, du tabac, des détergents, des médicaments, des textiles, etc. Elles sont même présentes naturellement dans certains aliments.

Le problème avec les nitrosamines, c'est qu'elles sont potentiellement cancérigènes. Pourquoi potentiellement? Parce qu'il n'existe pas d'études réalisées chez l'humain se penchant sur le sujet. Par contre, suffisamment de recherches effectuées sur les animaux confirment les propriétés cancérigènes de ces substances. Par mesure de précaution, la plupart des gouvernements en limitent donc la présence dans les jouets.

Revenons maintenant à Sophie. Dans leur étude, l'Association UFC-Que choisir a mesuré un niveau de 0,945 mg/kg de précurseurs des nitrosamines. Le fabricant de la jolie Sophie reconnaît en effet que des traces de nitrosamines se retrouvent dans le jouet. Elles proviendraient de la vulcanisation de la sève d'hévéa qui est utilisée pour la fabriquer. Cependant, selon lui, Sophie demeure un jouet sécuritaire.

Pourquoi? Tout simplement parce que la girafe respecte les normes françaises en vigueur. En France, les jouets peuvent contenir jusqu'à 1 mg de précurseurs des nitrosamines. Selon certains scientifiques, une exposition 100 000 fois supérieure à la réglementation est nécessaire pour voir des effets cancérigènes. Le fabricant de Sophie explique d'ailleurs qu'il faudrait manger 36 Sophie pour être exposé à la même quantité de nitrosamines qu'on retrouve dans un verre de bière.

Alors, pourquoi l'Association UFC-Que choisir est-elle inquiète? Parce que les suces et les tétines doivent respecter une autre norme. En effet, le taux de précurseurs toléré pour ce type de produit est beaucoup plus bas : 0,1 mg/kg (au Canada, on parle même de 0,01 mg/kg). C'est l'argument de l'organisme. Sophie est un jouet qui passe beaucoup de temps dans la bouche des bébés. Les normes pour les suces et les tétines devraient donc s'appliquer à ce jouet. C'est d'ailleurs déjà le cas en Allemagne.

Après la parution de l'étude de l'Association UFC-Que choisir, le fabricant de Sophie s'est engagé à modifier la procédure de fabrication pour éliminer toute trace de nitrosamine. Sur le site de Vulli, on peut consulter le résultat des tests effectués en date du 6 décembre 2012. Selon le rapport, le jouet respecterait maintenant les normes en vigueur en Allemagne.

Cela ne change toutefois pas le fond de la question. Les normes sur la toxicité de certaines substances sont-elles assez sévères pour garantir la sécurité des bébés? Ce qui inquiète certains experts, c'est le cumul de l'exposition. En effet, rares sont les bébés qui se contentent de mâchouiller Sophie. Beaucoup de jouets y passent! De plus, on l'a mentionné, les nitrosamines sont présentes partout dans l'environnement. Quel impact cela peut-il avoir à long terme sur le développement des enfants? Beaucoup de questions pour un si petit jouet! - Ce billet a d'abord été publié sur le site Maman Éprouvette.

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