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Il y a des études dont les résultats vont exactement dans le sens que l’on avait prédit. Elles n’en sont pas moins intéressantes pour autant. C’est le cas de celle rapportée dans le premier lien ci-bas qui montre que la prise de psilocybine, la substance psychoactive dans les « champignons magiques » met le cerveau dans un état propice aux associations plus libres, un peu comme durant le rêve .

Pas de grandes surprises ici donc, mais encore fallait-il le démontrer avec l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle et une technique originale de mesure de l’entropie de l’activité de différents réseaux cérébraux. C’est toutefois quand on regarde les résultats d’un peu plus près que l’on entrevoit toute la beauté de la chose : une baisse d’activité marquée dans les régions du cortex cérébral liées aux fonctions supérieures (en bleu sur l’image ci-haut) accompagnée d’une hausse d’activité dans les régions évolutivement plus anciennes du cerveau liées à la mémoire et aux émotions (en orange). Cette hausse d'activité, et surtout son caractère plus chaotique, augmenterait le nombre de conformations on de patterns d’activité possibles dans ces régions, un phénomène qui colle tout à fait à ce que plusieurs sujets ayant pris de la psilocybine décrivent subjectivement comme une « expansion de la conscience »…

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Mais point n’est besoin de prendre de la drogue pour expérimenter toute l’étrangeté de la conscience humaine ! Prenez juste le petit vidéo du second lien ci-bas, lui-même résumé du troisième intitulé « The source of consciousness ». Il montre comment le mouvement circulaire d’une grille peut littéralement faire disparaitre de façon aléatoire les trois points jaunes sous lesquels elle tourne. Fixer notre attention sur quelque chose ne garantit donc en rien d’avoir conscience de ce qui se passe tout près. Une donnée qui va dans le sens d’une distinction entre attention et conscience , un débat sur l'identité ou non des deux phénomènes qui fait rage depuis des années en neuroscience.

Les auteurs du même article rappellent ensuite que l’impression même que notre conscience est localisée dans notre corps et que c’est cet ensemble qui interagit avec notre environnement peut être « prise en défaut » de multiples façons : accident cérébro-vasculaire au lobe pariétal droit qui laisse la personne étrangère à son propre bras ( héminégligence ); illusion où une stimulation tactile sur l’une de vos mains vous donne l’impression qu’elle provient d’un gant de caoutchouc; altération de l’activité cérébrale de certaines régions du cerveau qui nous donne l’impression de vivre une « expérience de sortie du corps », etc.

Bref, l’impression que notre moi conscient habite notre corps n’est peut-être pas aussi obligatoire qu’on le pense et pourrait être au contraire quelque chose que notre cerveau construit pour des raisons adaptatives du point de vue comportemental. Et les auteurs de conclure, à l’instar de plusieurs autres qui s’aventurent à se prononcer sur la question du libre arbitre à la lumière des neurosciences , que les processus neuronaux qui nous donnent l’impression de prendre une décision spontanée pourraient bien être une autre « impression ajoutée » par le cerveau sur des mécanismes beaucoup moins conscients qui conditionnent le contenu de nos décisions.

Comme l’écrit également Michael Gazzaniga , le sentiment d’être un agent responsable à l’origine de décisions librement choisies pourrait bien n’être, justement, qu’un sentiment généré par le cerveau parce qu’il favorise l’émergence de conduites « morales », et donc la possibilité pour les êtres humains de vivre en collectivités.

i_lien New Study Discovers Biological Basis for Magic Mushroom Mind Expansion i_lien The source of consciousness. a_lien The source of consciousness

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