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Le lymphome est un cancer des cellules du sang (les lymphocytes) qui touche l’homme et le chien. En 2014, on estimait que 8000 Canadiens développeraient un lymphome soit un homme sur 44 et une femme sur 51. Grace à la Société de leucémie et lymphome du Canada et ses levées de fond, cette maladie est mieux connue du grand public.

Le chien pourrait nous aider à mieux comprendre le lymphome chez l’homme.

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Partageant le même milieu de vie l'homme et son chien sont exposés aux mêmes agressions de l’environnement (facteurs de risque). De plus le chien vit moins longtemps, ce qui rend l’impact de ces facteurs plus rapidement observable.

Le chien développe spontanément (naturellement) la maladie. C’est un avantage par rapport aux souris transgéniques qui sont de conception complexe (mutation génétique ciblée, transplantation de cellules cancéreuses, etc). Ces souris permettent de comprendre un aspect très précis mais pas une vue «globale» des mécanismes.

Le lymphome canin repose (au moins partiellement) sur des bases génétiques: un chien de race nordique développe surtout un lymphome T, un basset un lymphome B alors que les chances sont semblables pour le golden. Reproduire un phénomène est essentiel expérimentalement: le caractère «héritable» des lymphomes canins ferait du chien un bon modèle. Remarquons que ces différences sont liées à la sélection des races par l'homme.

Le même type d’anomalie chromosomique (translocation) est connu chez l’homme et le chien. Des morceaux de chromosomes s’échangent par accident, créant des nouveaux enchainements d’ADN et favorisant la prolifération des cellules cancéreuses qui en sont pourvues.

Enfin, grâce au chien, des chercheurs auraient identifié des cellules initiatrices du lymphome . Ils ont caractérisé les protéines à leur surface et montré que leur implantation reproduit la maladie.

Des précautions dans le choix du modèle.

Le chien est parfois (10%) atteint du «lymphome marginal» (assez peu agressif) alors que c’est rare chez l’homme. De la même façon, l’homme est atteint du lymphome «folliculaire» qui est très rare chez le chien. Ces deux exemples illustrent que le modèle de comparaison n'est pas toujours applicable.

En apparence les chiffres montrent 60% du «Type B diffus à grande cellules» (DLBCL) autant chez l’homme que chez le chien. L’analyse des gènes qui s'expriment, tout type de lymphome confondu a montré chez le chien trois groupes bien distincts mais aucun sous-groupe parmi les DLBCL. Cela signifie que le chien représentera mal les sous catégories pourtant bien connues des DLBCL humains.

Pour tirer des conclusions d’un modèle et le comparer à l'homme, les ressemblances entre un lymphome humain et son modèle canin doivent être solides. L'enjeu est intéressant car le bénéfice est double en améliorant la santé de l’homme et celle du chien.

Par Rémi Froment, Pathologiste Vétérinaire (Dipl. ACVP)

Principale source : Ito D, Frantz AM, Modiano JF. Canine lymphoma as a comparative model for human non-Hodgkin lymphoma: recent progress and applications. Vet Immunol Immunopathol. 2014;159(3):192-201.

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