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Je voudrais vous parler d’un colloque intitulé «Les écrans: libération ou esclavage?» qui aura lieu le 4 mars prochain à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Mais avant, deux petites anecdotes pour introduire le sujet.

Il y a quelques jours, j’étais avec une amie dans un restaurant chilien. Pendant que je lui parle, je remarque que son attention est constamment happée par quelque chose au-dessus de ma tête. Je me retourne et comprends ce qui se passe: un écran de bonne dimension diffuse un match de soccer avec couleurs flashantes, gros plans émotifs et ralentis impressionnants. Sans oublier les publicités qui profitent au maximum de ce «temps de cerveau disponible»...

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C’est ainsi qu’une personne qui n’a même pas d’intérêt particulier pour le soccer se retrouvait incapable de rester les yeux sur son interlocuteur qui, étant à la fois grand amateur de foot et neurobiologiste de son état, a su facilement lui pardonner… Car pour avoir écrit sur son site au sujet de l’attention et pour avoir rapporté sur ce blogue à quel point nous pouvions être «esclaves» de celle-ci lorsque l’environnement était rempli de fort stimuli «bottom up», ce neurobiologiste ne pouvait qu’être indulgent!

Indulgence qui atteint toutefois souvent ses limites avec son ado lorsque celui-ci s’amuse avec son IPod et que cela fait 52 fois que je lui répète de venir souper… J’ai beau lui expliquer que ce qu’il fait avec son bidule (la plupart du temps appuyer sur des touches pour obtenir des points) n’est guère différent du rat qui appuie frénétiquement sur un levier parce qu’il a compris qu’en l’actionnant une boulette de nourriture tombe à ses pieds. Le conditionnement opérant est un mécanisme puissant, très bien conservé à cause de sa valeur adaptative évidente, mais qui peut facilement hypnotiser un humain qui n’est pas conscient de son pouvoir.

Et c’est justement ce genre de danger pour l’équilibre d’un être humain qui sera abordé lors de ce colloque sur les écrans dont le programme avec les intervenant.es peut être consulté par le premier lien ci-bas. Un sujet qui ratisse large car on parle ici aussi bien de dépendances aux écrans de télé, de jeux vidéo, de tablettes en tout genre, de réseaux sociaux, etc. Et aussi des valeurs ou des comportements exacerbés par ce qui est diffusé sur ces écrans. On pense ici bien sûr à la pornographie, mais aussi à la banalisation de la violence.

On apprend par exemple, dans le texte de présentation du colloque, qu’après avoir passé plus de 40 heures/semaine devant divers écrans (ce qui veut dire plus de 5 heures par jour!), un enfant nord-américain aura été témoin de 100 000 agressions et 8000 meurtres avant son 13e anniversaire.

Des chercheures de l'Indiana ont également passé à la loupe les 50 émissions préférées de 2 à 11 ans pour se rendre compte qu’elles véhiculent beaucoup d'agressions «sociales» qui font rigoler les spectateurs. Elles en ont comptabilisé 14 à l'heure, donc une aux 4 minutes. Cela est à mettre en relation avec une autre étude, dont on avait parlé ici, qui démontrait que plus un enfant passe de temps devant la télé entre 2 et 4 ans, plus il a de problèmes à l’école plus tard. Sans parler des mauvaises habitudes pour la santé qu’il aura acquises, comme l’obésité et le manque d’exercice. Et même pour les personnes qui bougent un peu chaque jour, de plus en plus d’études montrent que les longues heures passées assis pourraient contrer les effets bénéfiques de la petite marche quotidienne (voir le 2e lien ci-bas).

Voilà donc un événement fort pertinent, à l’heure où l’on voit apparaître de nouveaux termes comme «nomophobie» visant à cerner cette anxiété qui s’empare de l’ado à la seule idée de se coucher sans avoir accès à son iPod! Ou encore, à l’heure où l’on ouvre des cliniques de désintox «numérique» aux États-Unis, au Canada, au Japon, en Chine ou en Corée du Sud.

Finalement, tout cela me rappelle cette blague cruelle, mais qui fait réfléchir, lue dans un journal satirique il y a quelques années: «Sébastien, 948 ami.es sur Facebook, a encore soupé seul ce soir...»

Les liens:

Les écrans: libération ou esclavage?

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