2774971883_c16f242f10_m.jpg
On se doutait que l’environnement socio-économique dans lequel évolue un enfant pouvait affecter son développement. Une nouvelle étude publiée dans le magazine Nature dévoile toutefois l’ampleur de l’impact que peut avoir la pauvreté et l’éducation des parents sur le cerveau des enfants.

Un groupe de chercheurs américains a scanné la matière grise d’un millier de jeunes âgés de 3 à 20 ans et issus de différents milieux économiques. En observant la morphologie des cerveaux de ces jeunes, ils ont remarqué qu’il y avait une forte corrélation entre le revenu des familles et la taille de certaines régions cérébrales. Ainsi, les secteurs régissant le langage, la mémoire et la prise de décisions avaient tendance à être plus petits chez les enfants vivant dans une famille à plus faible revenu. Encore plus déstabilisant : même les différences les plus modestes de revenu avaient un impact significatif sur la structure du cerveau des sujets.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Ainsi, les chercheurs ont pu observer que les cortex cérébraux des sujets issus de famille gagnant plus de 150,000 dollars par année étaient 6 % plus volumineux que ceux des enfants provenant de familles ayant un revenu de 25,000 dollars et moins.

Par ailleurs, les enfants dont les parents étaient plus éduqués avaient un hippocampe, la section du cerveau qui joue un rôle crucial dans la mémoire et la navigation spatiale, plus gros que celui des enfants dont les parents étaient moins éduqués. Les auteurs précisent que la surface de ces régions cérébrales est en partie responsable de la corrélation entre le revenu familial et les résultats des enfants aux tests de QI.

Prudence toutefois : il ne faut pas automatiquement associer la pauvreté à la taille du cerveau. «Le message n’est pas de dire que si vous êtes pauvre, votre cerveau sera plus petit, et qu’il n’y a rien à faire, a déclaré au quotidien The Guardian Elizabeth Sowell, une des auteures de la recherche. Celle qui est directrice du laboratoire de neuro-imagerie cognitive au Children’s Hospital de Los Angeles croit que les résultats de l’étude pourront cependant permettre l’accès à des ressources qui pourront améliorer le développement cognitif des enfants.

L’association entre la taille du cerveau et le niveau d’intelligence est également une source de désaccord entre scientifiques. Pour plusieurs, c’est plutôt l’activité moléculaire des synapses, la jonction entre les neurones du cerveau, qui joue un rôle dans l’intelligence.

Malgré ces forts résultats, et de l’aveu même des chercheurs, les conclusions de cette étude ont quelques limites. Les chercheurs ne peuvent dire quel facteur lie la structure cérébrale et l’environnement socio-économique. Plusieurs éléments pourraient être étudiés pour évaluer l’impact de l’environnement sur la matière grise des enfants : le niveau de stress familial, la stimulation cognitive et l’alimentation de la mère à la grossesse.

C. Carpentier

Je donne