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J’habite une rue à l’est du parc Lafontaine à Montréal et j’ai toujours pensé que si je n’étais pas « obligé » de traverser ce grand parc 4 à 8 fois par jour à pied ou à vélo, je ne supporterais pas la ville et ses inconvénients (dus en grande partie au trop grand nombre d'autos). Une étude publiée jeudi dernier dans Scientific Reports semble confirmer un tel sentiment subjectif.

On connaissait déjà plusieurs études démontrant l’effet bénéfique de la végétation sur le cerveau et le corps humain. Par exemple celle de Ulrich, en 1984 , sur le temps de récupération moins long après une chirurgie pour les patients qui voyaient des arbres de leur fenêtre d’hôpital par rapport à ceux qui voyaient un mur de brique. Mais cette nouvelle étude coordonnée par le psychologue Omid Kardan, de l’université de Chicago, mais qui portait sur la ville de Toronto, au Canada, se démarque par l’importance de ses moyens : une vaste base de données sur les arbres de la ville comprenant l’emplacement de 530 000 spécimens bien identifiés, des photos satellites pour considérer les arbres sur les terrains privés, les dossiers médicaux de 30 000 Torontois.es, etc.

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Et ce qu’ils ont trouvé, toute chose étant égale pour des variables comme l’âge, l’éducation ou le revenu, c’est un effet positif de la quantité d’arbres sur la santé ! Un effet qui était plus fort pour les arbres sur le domaine public, probablement parce qu’ils sont plus accessibles (en tout cas aux classes moins favorisées).

Et ils ont même commencé à quantifier quelle serait le nombre d’arbres à ajouter dans un quartier pour y améliorer la santé de la population qui y vit. Calcul d’autant plus pédagogique que, connaissant bien les autres facteurs démographiques qui affectent la santé, ils nous proposent le résultat de leurs calculs en termes comparatifs. Ainsi, ajouter 10 arbres en moyenne par quadrilatère de rues aurait le même effet sur la santé qu’une augmentation de salaire annuel de 10 000$, ou de déménager dans un quartier avec un salaire médian supérieur de 10 000$, ou encore d’être 7 ans plus jeune !

Ça, c’était pour les calculs faits à partir de la perception subjective du bien-être psychologique apporté par les arbres, une mesure généralement fortement corrélée avec les mesures objectives sur l’état de santé. Pour ce qui est des extrapolations quantitatives faites à partir de mesures objectives comme les maladies cardiaques, le diabète, l’obésité, etc., l’étude soutient que l’augmentation de 11 arbres en moyenne par quadrilatère de rues aurait le même effet sur la santé qu’une augmentation de salaire annuel de 20 000$, ou de déménager dans un quartier avec un salaire médian supérieur de 20 000$, ou encore d’être 1,4 an plus jeune.

Malgré l’ampleur de l’étude, on s’empresse de rappeler qu’il ne s’agit ici que de corrélations et que le ou les mécanismes d’action par lesquels les arbres améliorent la santé des humains ne sont pas examinés dans cette étude. Mais des « suspects » évidents sont tout de même mentionnés : la capacité des arbres à améliorer la qualité de l’air, la réduction du stress ( comme celle que produit également un plan d’eau ), ou encore l’incitation d’un environnement verdoyant à faire de l’exercice . Sans parler des effets bénéfiques de la végétation sur le psychisme humain qui remonte à notre longue histoire évolutive et qui nous pousse par ailleurs encore à avoir ce comportement objectivement étrange : mettre des plantes dans des pots et mettre ces pots dans nos appartements ou nos maisons…

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En terminant, si cette étude semble solide sur le plan méthodologique, une autre étude récente ayant un thème semblable a été critiquée sur les détails de sa méthodologie (voir le 3e lien ci-dessous).

i_lien Scientists have discovered that living near trees is good for your health a_expNeighborhood greenspace and health in a large urban center a_expA walk in the park increases poor research practices and decreases reviewer critical thinking

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