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Ayant mis en pratique hier ce que j’écrivais ici en octobre dernier à propos des activités de plein air (« …pourquoi on a le goût de s’extirper de notre confort pour aller faire du sport et […] pourquoi on se dit après […] qu’on a bien fait. »), je me demandais sur quoi écrire aujourd’hui. La réception d’un courriel d’ Hélène Trocme-Fabre me signalant le documentaire « Les Étonnants pouvoirs de transformation du cerveau » régla bien vite l’affaire. J’avais en effet, il y a quelques jours, écouté la revue de l’année du toujours excellent Brain Science Podcast de Ginger Campbell . Et parmi les émissions que j’avais manquées cette année figurait l’entrevue avec Norman Doidge sur la plasticité cérébrale. Le même Doidge en vedette dans le documentaire et qui fera donc l'objet de cette chronique, le hasard en ayant décidé ainsi !

En plus de la revue de l’année, je vous recommande donc l’émission complète avec le Dr Doidge diffusée en février 2015 sur le Brain Science Podcast. Cette émission est elle-même en quelque sorte une suite à une émission précédente consacrée celle-là au livre « The Brain That Changes Itself » toujours de Norman Doidge (tous les liens sont ci-dessous). Ces émissions décrivent cette caractéristique fondamentale du cerveau humain: sa grande plasticité , même à l’âge adulte. Autrement dit, le fait que les circuits nerveux de notre cerveau se réorganisent constamment durant toute notre vie.

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Campbell et Doidge discutent des implications de ce processus pour la réhabilitation suite à une lésion cérébrale. Un processus bien établi par la recherche mais malheureusement encore trop souvent minimisé du côté clinique, peut-être en partie parce que les traitements qui s’en inspirent, comme ceux que propose le Dr Doidge, demandent une implication active des patients, et pas seulement la prise passive de pilules.

Le Dr Doidge confirme aussi par ses propos deux idées qui font de plus en plus leur chemin dans la communauté scientifique. D’abord celle que l’on a peut-être une vision trop corticale de la cognition humaine. D’autres comme Merker sur la conscience ou Panksepp sur les émotions ont écrit des choses semblables . L’exemple mis de l’avant par Doidge est celui d’affections sous-corticales qui pourraient être compensées d’une certaine manière par le cortex, mais qui amèneraient alors une « surcharge » de travail au niveau cortical générant d’autres problèmes dont on attribuerait à tort l’origine dans le cortex, étant donné son importance chez l’humain (80% du poids de notre cerveau).

L’autre idée sur laquelle insiste Doidge est celle, souvent discutée dans ce blogue , que nous sommes plus que notre cerveau . Loin d’un retour à un quelconque dualisme ici, mais simplement la prise en compte d’un fait indéniable : le système nerveux des animaux a, depuis toujours, évolué à l’intérieur d’un corps lui-même situé dans un environnement. Et c’est cet ensemble, cette cognition incarnée , qui permet à un individu de « penser le monde », ou plutôt de « penser son monde » issu des traces emmagasinées dans son système nerveux tout au long de sa vie grâce à la plasticité de ses connexions nerveuses.

i_lien Les Étonnants pouvoirs de transformation du cerveau i_lien 9th Annual Review of Neuroscience (BSP 125) i_lien BSP 116: Norman Doidge on Brain Plasticity i_lien Neuroplasticity with Dr Norman Doidge (BSP 26)

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