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[saly‖ʒmapɛlɡzavjesẽʒlɛeʒetsydziãlẽɡɥistsɪk] Diantre, de quoi s’agit-il? Sont-ce des glyphes insensés? Est-ce du bulgare? Que nenni. Ces symboles sont parmi les outils de travail les plus connus des linguistes : ils appartiennent à l’alphabet phonétique international, un système de transcription conçu pour permettre à des scientifiques du monde entier d’avoir un alphabet commun utilisé pour représenter tous les sons possibles dans les langues.

Dans le cas présent, ils m’ont servi à donner une approximation de ma prononciation de l’énoncé suivant : « Salut! Je m’appelle Xavier St-Gelais et j’étudie en linguistique ».

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Je souligne au passage que la linguistique, pour résumer, c’est l’étude scientifique du langage : ses sons, sa structure, ses variations, sa modélisation mentale, sa compréhension, ses registres, son sens, etc.

Portrait d’un linguiste

Pour que vous en sachiez un peu plus sur moi : j’ai 22 ans. J’habite l’immensissime ville d’Arvida... qui fait partie de Jonquière, elle-même arrondissement de Saguenay (oui, j’utilise le fameux « là là »).

Je m’apprête à déménager en appartement. Je possède une dizaine d’harmonicas et un cor français, dont je ne joue toutefois plus depuis longtemps. Je parle italien, j’aime les rongeurs - mais seulement leur apparence, car ils me font peur en réalité! - et j’ai horreur des débats télévisés qui génèrent des malaises.

Comme vous le voyez, j’ai aussi un certain talent pour rédiger des phrases qui conjuguent des éléments n’ayant pas de lien entre eux.

Le virus linguistique

J’oubliais : je suis malade. En effet, j’ai attrapé la linguistique, un virus qui m’empêche de dormir la nuit. Symptômes : plus moyen d’écouter une chanson sans m’interroger sur une rime.

Plus moyen de traverser le parc des Laurentides sans me demander si je dis « je me suis en allé » ou « je m’en suis allé » et s’il existe de la variation régionale pour ce verbe. Plus moyen de lire un nom latin sans essayer d’analyser sa structure désinentielle - les terminaisons de ses constituants.

Au secours ! L’université a aiguisé mes intuitions linguistiques et m’a rendu conscient d’une myriade de phénomènes que je n’avais pas même remarqués auparavant. Contrairement à d’autres maladies qu’on souhaite enrayer, la linguistique a quelque chose de sympathique. C’est pourquoi je me propose de vous l’inoculer sur ce blogue.   Le chemin de la linguistique

Je vais vous dire : la plupart des gens aboutissent en linguistique par hasard. Rares sont les étudiants qui arrivent à mettre le doigt sur la raison exacte qui les a poussés à choisir ce domaine.

Le baccalauréat en linguistique à l’UQAC, où j’étudie actuellement, a vu passer des gens de tous les horizons : certains ont choisi le journalisme au cégep et en sont restés déçus. D’autres ont commencé en enseignement du français, puis ont réalisé que la compréhension et l’analyse de la langue les intéressaient davantage que la didactique.

D’autres encore ont plutôt cheminé en sciences naturelles au cégep, puis se sont retrouvés en linguistique parce que c’est une science aux visages multiples qui a parfois une allure très « science humaine classique » dans sa méthodologie, parfois des pratiques apparentées aux mathématiques ou à la physique, selon ce qu’on observe.

Enfin, le baccalauréat comporte aussi des anciens étudiants en littérature ou en psychologie. Ce n’est d’ailleurs pas une spécificité de l’UQAC : des histoires similaires sont communes à l’Université Laval, par exemple.

Comme vous le voyez, beaucoup de chemins peuvent mener à la linguistique. Il y a une certaine hétérogénéité dans les parcours, mais à mon avis, le dénominateur commun, c’est une passion pour la langue qui n’a pas été dirigée au bon endroit pour la simple et bonne raison que la linguistique est une grande absente de la formation générale au Québec.

Quelques rares chanceux en entendent parler dans des programmes d’arts et lettres au cégep, mais ceux-là constituent une fraction des étudiants qui optent pour la linguistique.

En y réfléchissant bien, mon propre cheminement a été sinueux : j’ai toujours aimé lire et écrire, mais je n’étais pas très ferré en littérature. J’ai envisagé le journalisme, la traduction, la psychologie et la sociologie avant d’opter pour la linguistique.

Certains éléments de ma vie ont peut-être fait naître en moi le début du virus linguistique, mais au final, c’est tout de même un peu par le hasard des choses que j’ai choisi de plonger dans le domaine, sans savoir ce qu’il me réservait. Et je sens que j’aurais été bien malheureux si cette maladie avait continué d’être en dormance dans mon système. Car c’est bien là qu’elle est la plus dangereuse : c’est en la laissant s’exprimer qu’on parvient, paradoxalement, à la traiter.

Une science aux multiples facettes

Ce que la linguistique a de merveilleux, en outre, c’est qu’elle permet de s’intéresser au fonctionnement de la langue... dans le cerveau - lien avec la psychologie, la biologie, la neurologie-, en société - lien avec la sociologie, la démographie, la géographie- , dans le passé - lien avec l’histoire - , au plan de la production des sons - lien avec la biologie, la physique -, dans la chanson - lien avec la musique -, dans les oeuvres écrites - lien avec la littérature - , etc. C’est une science extrêmement riche qui a le potentiel d’intéresser beaucoup plus de gens qu’en ce moment.

En somme, à mon avis, mon virus linguistique mérite d’être propagé. Mon objectif : contaminer tout le monde! C’est pourquoi je vous propose de me lire sur ce blogue pour découvrir la linguistique et, à votre tour, la diffuser...

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