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« Combien d'articles as-tu déjà publiés ? », « Donc tu es étudiant, tu ne travailles pas ? », « Tu ne seras donc pas un vrai docteur ? », « Alors, bientôt fini ? » Voici quelques phrases, à ne jamais, jamais, JAMAIS prononcer devant un étudiant au doctorat. Soyons honnête, il faut être un peu zinzin pour s'embarquer dans ce genre d'études et nous n'aimons pas beaucoup nous rappeler de cette folie chronophage. Car oui, le doc, c'est du temps, beaucoup de temps, ce qui explique d'ailleurs pourquoi j'ai tant tardé à écrire un nouveau billet. C'est aussi beaucoup de perte de temps à discutailler sur des détails et en perdre parfois la raison. Mais le doc, c'est avant tout une opportunité unique pour ancrer ses rêves dans une réalité. Nous devons faire face à nos limites physiques, cérébrales et sociales. Pour moi, le doc est donc une chance de découvrir pleinement notre potentiel et ainsi rêver encore plus grand.

EMBARQUEMENT POUR LA PLANÈTE « DOCTEUR EN ÉCOLOGIE »

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Je me rappelle avoir imaginé obtenir un doctorat lors de mes divagations d'enfant aux rêves disproportionnés. C'était à l'époque, un saint Graal qui ouvrait toutes les portes de la recherche. C'était un couronnement qui permettait d'être acteur sur des projets de grande envergure. Je m'imaginais pouvoir nager avec les baleines, capturer des ours bruns, endormir des lions à coup de fléchettes sédatives, piloter des hélicoptères pour des programmes de translocation de gros animaux. Bref, à 10 ans, j'avais une vision très « Indiana Jones » de ce qu'était un doctorat et de ses débouchés. De même, l'utopie dans laquelle je me projetais était riche de Darwin, de Konrad Lorenz, et autre Jane Goodall qui consacraient leur vie entière à la science et divulguaient leurs observations avec une certaine simplicité.

Un doctorat en écologie (car je ne pourrais parler pour les autres disciplines) ouvre cependant principalement la voie vers une carrière scientifique « de bureau » plutôt que sur des travaux de terrain où l'on court dans la forêt à chercher des bébêtes. Il vaut mieux privilégier les cursus de CÉGEP ou de maîtrise si l'on veut échapper au pan très « administratif » de la science. Les doctorants, quant à eux, peuvent être embauchés dans le privé comme dans le public, comme maîtres de conférence, chercheurs, conseillers, responsables de projets environnementaux... L'insertion des diplômés dépend beaucoup de la discipline choisie. Dans mon cas, je réalise une thèse sur les écureuils donc autant dire que je vais avoir potentiellement plus de difficultés à trouver du travail ! L'intérêt pour les casse-noisettes n'est-il pas mince face aux problématiques rencontrées dans notre société ?

POURQUOI FAIRE UN DOCTORAT ?

Cependant, je pense qu'obtenir un doctorat (quelqu'en soit le sujet d'étude) n'est pas une fin en soi qui nous ancre derrière un bureau. Avec un doctorat, nous n'atteignons pas un sommet sur lequel on s'assoit et duquel se contemple les connaissances acquises. Au contraire, en entamant de telles études, nous grimpons le versant d'une montagne embrumée. Obtenir un doc nous aide alors à voir au travers de cette brume pour chercher un pan ensoleillé. Ce n'est qu'un des multiples équipements qui nous permettent de randonner vers un endroit où l'on peut clairement définir un projet de vie. Il ne tient qu'à nous d'user les diverses compétences théoriques et pratiques développées au cours de notre cursus entier pour renfiler notre costume d'Indiana Jones à la fin d'une thèse.

Pour ma part, j'imagine alors monter un projet de restauration et de conservation d'habitat, dans lequel nous pourrions à la fois mener certains types d'études scientifiques et dispenser des classes à des enfants curieux d'écologie. Avec l'obtention d'un doctorat, j'obtiens alors une certaine crédibilité qui pourrait faire la différence face à certains commanditaires et autorités, réticents au projet. En revanche, ce diplôme ne me sera d'aucun soutien en ce qui concerne certains aspects techniques du projet, contrairement à mes travaux précédents en tant que technicienne de terrain. Et pour ce qui est de la communication avec le public et les jeunes enfants, j'ai encore un pas à franchir. Vulgariser la science s'apprend, ce à quoi j'espère rapidement m'atteler en vous écrivant des billets sur Science ! On blogue . J'espère que vous apprécierez mes ajouts et ne ferez part de vos commentaires afin de m'aider à progresser.

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