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Des voitures volantes, des villes flottantes et de la nourriture en capsules hydratables? Nous n’en sommes pas encore là, bien que certains puissent chérir le projet de ce genre de futur. Dans l’état actuel des choses, avec une population planétaire toujours croissante, une question se pose : la Terre peut-elle soutenir 9 milliards d’humains? La réponse est non. Pas dans les conditions ni au rythme de vie actuels.

Nous sommes 7 milliards. 9 milliards d’humains, c’est ajouter deux fois la population de la Chine sur la planète, ou si l’on préfère, environ 150 000 habitants de plus par jour, jusqu’en 2050. C’est énorme! Qui plus est, selon l’ONU, les prévisions pour 2050 se chiffreraient plus exactement à 2,5 milliards d’humains de plus, dont 1 milliard ayant 60 ans et plus. Nous nous retrouvons donc devant une population toujours croissante et vieillissante, et par le fait même, une situation extrêmement précaire qui demande à ce que beaucoup de changements soient apportés sur Terre. Ne nous leurrons pas : je ne crois pas que d’ici les quarante prochaines années, nous ayons inventé des villes aériennes efficaces, des façons durables et saines de produire deux fois plus d’agriculture que nous le faisons présentement, et encore moins que nous nous soyons tous convertis à une ressource énergétique inépuisable et propre. Cela fait beaucoup de choses. Commençons par le commencement.

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Où mettra-t-on 2,5 milliards d’humains? C’est un gros problème, et c’est pourquoi, entres autres, il n’est pas possible pour la Terre d’accueillir 9 milliards d’humains sans en souffrir. On aura beau se défendre en disant que la terre est grande, et on aura raison d’affirmer une telle chose, si on ne considère pas qu’elle soit constituée à 71% d’eau. Le manque de place, avant le manque de nourriture, d’eau potable, d’énergie, etc. devient donc le premier problème que l’on rencontre. On assisterait effectivement à un phénomène d’entassement et de densité extrême dans les grands centres urbains, ce qui deviendrait rapidement invivable. Cela signifie plus de gens dans les rues, sur les trottoirs, dans les commerces, plus de pollution, par le fait même plus de déchets, mais tout cela j’y reviendrai.

Si les villes deviennent trop denses, il deviendra nécessaire d’en étendre le territoire, ce qui forcément empiétera sur les campagnes avoisinantes. Je reviendrai également sur la question de l’importance des campagnes ultérieurement et me contenterai simplement d’instituer le point suivant : les grandes villes sont, géographiquement et historiquement, toujours situées près d’une voie navigable. Ainsi, si l’on ne peut étendre la superficie d’une ville sur l’eau, on l’étendra au détriment d’une campagne, de chaînes de montagnes et de terres agricoles. Évidemment, la question a déjà été soulevée et certains architectes et urbanistes comme Le Corbusier en sont venus avec une solution : la Charte d’Athènes issue du IVème congrès international d’architecture moderne, qui aboutis sur 95 points concernant la planification et la construction des villes. On y parle entres autres de très hautes tours d’habitation dans une « ville fonctionnelle », ou si l’on préfère, une ville à la verticale. L’idée n’est pas mauvaise en soi, puisque si l’on bâtit des villes en hauteur, cela évite de la faire en largeur et pourrait régler le problème du logement des 2 milliards de personnes supplémentaires. Par contre, il n’en est rien en ce qui concerne le problème de la trop grande densité des villes. Le projet de la « ville fonctionnelle » a d’ailleurs été en partie testé à Chicago, mais a échoué et a rapidement été déclaré utopique.

Dès lors, je pense à la pauvreté. S’il y a plus de gens, il y a malheureusement aussi plus de pauvreté. C’est le système capitaliste qui est ainsi fait : la domination du Nord sur le Sud, et à l’intérieur même de nos villes, le clivage entre les riches et les pauvres, selon le pouvoir d’achat. On rapporte, selon l’ONU, que l’Afrique à seule verrait sa population tripler au cours des quarante prochaines années. Ce serait en Afrique sub-saharienne que la situation serait le plus particulièrement inquiétante, avec les deux tiers des habitants vivants dans des taudis. La croissance démographique aura donc essentiellement lieu dans les pays du Sud en raison de cette relation intimement liée entre l’âge de la population des différents continents, ainsi que leur taux de fertilité. En somme, une grande partie de la croissance démographique là où les gens sont les plus pauvres.

Ainsi, 9 milliards d’êtres humains pose un problème d’entassement (et tout ce que l’entassement lui-même implique : densité, déchets, pauvreté, etc.) dans les villes. Mais il y a encore bien d’autres aspects à traiter sur le sujet...d'ici là, collons-nous un peu.

Shanie S. Parent

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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