Médecin et bourreau
(ASP) - Quelque 40% des médecins
américains disent quils accepteraient de
participer à lexécution par injection
dun condamné à mort. Un geste qui
entrerait pourtant en contradiction flagrante avec le
serment dHippocrate, base de toute pratique médicale.
Et non seulement ce geste viole-t-il le
serment que pose tout médecin à laube
sa carrière -ce serment en vertu duquel, entre
autres choses, il ne doit faire du mal ou contribuer
à faire du mal à qui que ce soit- mais
il viole aussi les guides de déontologie de la
plupart des associations professionnelles de médecins.
Ce sondage étonnant est au coeur
dune étude parue dans la dernière
édition des Annals of Internal Medicine.
Et moins quun appui à la peine de mort,
il faut plutôt y voir, écrivent les auteurs
de létude, une ignorance étonnante
du serment dHippocrate et des règles instituées
par leurs propres corporations. En fait, seulement 3%
des 413 médecins interrogés savaient que
les grandes associations de médecins -dont ils
sont tous membres- avaient déjà mené
des luttes autour de la question épineuse de
lassistance aux condamnés à mort
et avaient conclu quun médecin digne
de ce nom ne devrait participer daucune façon
à une exécution.
"Cette question touche vraiment au
coeur de la place spéciale que les médecins
occupent dans la société", ajoute
Peter Ubel, éthicien de la médecine à
lUniversité du Michigan. "Le manque
étonnant de connaissances sur les règles
leur interdisant de participer à une exécution
par injection, jumelé à la capacité
de prendre part à au moins certaines des actions
nécessaires pour tuer un prisonnier, produit
un résultat troublant." Faudrait-il enseigner
aux médecins
la signification du serment
d'Hippocrate?