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Des Nobel dans votre salon
(ASP) - Les prix Nobel sont souvent attribués pour
des travaux qui, aussi prestigieux soient-ils, ne signifient
rien au commun des mortels. Ca n'aura jamais été
moins vrai que cette année: sans le trio détenteur
du Prix Nobel de physique, il n'y aurait eu ni micro-ordinateurs
ni transmission par satellites. Et sans le duo gagnant du Prix
Nobel de chimie, les écrans d'ordinateur, les pellicules
photo, les panneaux d'énergie solaire et les téléphones
mobiles, entre autres choses, n'auraient pas eu l'importance
qu'ils ont aujourd'hui dans notre société.
Bref, les Nobel apportent cette année de quoi se réjouir
aux maniaques des nouvelles technologies: ces dernières
sont au coeur même aussi bien du Prix Nobel de physique
que de celui de chimie. Un fait rare.
Rare, et inattendu: car si c'est dans les habitudes du comité
Nobel que d'attribuer un prix à quelqu'un qui s'est distingué
comme pionnier 10 ou 20 ans plus tôt, en revanche, l'impact
de ce pionnier se mesure en général à l'intérieur
des laboratoires ou des salles d'opération, et non dans
les magasins d'électronique et les résidences de
banlieue.
C'est
pourtant le cas cette année. Car même si vous
n'avez jamais entendu parler du Russe Zhores Alferov et des Américains
Herbert Kroemer et Jack Kilby les trois gagnants du Nobel
de physique- c'est
pourtant en bonne partie grâce à eux que vous pouvez
lire ce texte. Jack Kilby, aujourd'hui âgé de
77 ans, démontra en 1958, alors qu'il était chercheur
chez Texas Instruments, qu'il était possible d'asseoir
une grande quantité de composants électroniques
sur une simple plaquette de sillicium : c'était le premier
circuit intégré, précurseur des puces électroniques
qui font aujourd'hui rouler la majorité des ordinateurs
personnels. Dans le même esprit, l'Américain d'origine
allemande Herbert Kroemer créa, en 1957, l'hétérotransistor,
un transistor formé par l'empilement de plusieurs matériaux,
plutôt qu'un seul, comme c'était le cas jusque-là.
D'où, comme avec les circuits intégrés,
la possibilité de traiter davantage d'informations dans
de moins en moins d'espace, donc de plus en plus vite : la base
même de l'industrie moderne des télécommunications.
Enfin, le Russe Zhores Alferov, 70 ans, directeur de l'Institut
physico-technique A.F. Ioffe, à Saint-Petersbourg, est,
parallèlement avec Kroemer, derrière les ancêtres
de ces lasers à semi-conducteurs, ces lasers fondés
sur une "hétérostructure" électronique,
très compacts, qui équipent aujourd'hui les lecteurs
de CD, les lecteurs de codes-barres et les réseaux de
fibres optiques.
"Sans Kilby, a expliqué l'Académie suédoise
des sciences, il n'aurait pas été possible de construire
les ordinateurs personnels que nous avons aujourd'hui. Et sans
Alferov, il n'aurait pas été possible de transférer
toute l'information des satellites vers la Terre ou d'avoir autant
de lignes téléphoniques entre les villes."
Les trois gagnants se partageront la somme de 915 000$, Jack
Kilby en obtenant la moitié. "J'aurais pensé
que les Prix Nobel n'étaient pas donné pour des
réalisations comme la mienne, a-t-il déclaré
au New York Times. D'un
certain point de vue, ma contribution était celle d'un
ingénieur, et M. Nobel n'avait rien prévu pour
les prix d'ingénierie."
Les trois gagnants du Prix Nobel de chimie sont dans une situation
similaire : les Américains Alan Heeger et Alan MacDiarmid,
et le Japonais Hideki Shirakawa, furent eux aussi, en leur temps,
à l'origine d'une révolution qui a transformé
le monde. Ensemble, ils ont signé en 1977 un article où
était décrite la façon dont le plastique,
jusque-là considéré comme rien de plus qu'un
isolant, pourrait
devenir un matériau conducteur d'électricité,
au même titre que le métal. De cette idée
en apparence banale allait naître toute une industrie autour
des écrans de télé et d'ordinateurs, d'une
foule d'équipements électroniques (des téléphones
mobiles jusqu'aux fenêtres qui "bloquent" les
rayons du soleil), bref, toute une nouvelle génération
de polymères, que les experts appellent les "polymères
conducteurs".
Et si la révolution des puces électroniques
est bien implantés, en revanche, selon plusieurs, on n'a
peut-être encore rien vu de celle des polymères
conducteurs, entre les papiers-peints animés et autres
joyeux divertissements du XXIe siècle...
(10 octobre)
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