Un sans-nom désastreux
(ASP) - Le " Sans nom ",
un poisson originaire des fleuves du Sénégal,
du Nil et du Niger, introduit au Gabon en 1959, se transforme
en désastre écologique.
A lorigine, cet Heterotis niloticus,
de son vrai nom puisquil en a un- avait
été introduit pour réguler les
effectifs des étangs, mais aussi à des
fins de production, car sa chair, fumée ou salée,
est prisée par de nombreux consommateurs.
Sauf quil ne sest pas contenté
des étangs. Introduit accidentellement, dans
les années 80, dans lOgooué, le
plus long fleuve du Gabon (1000 km) qui traverse tout
le pays, le Sans nom sest vite multiplié
en-dehors de ses zones délevage, au point
de priver les autres poissons du zooplancton dont se
nourrissent ses alevins.
De forme allongée, de couleur grisâtre
et comprimé latéralement, le Sans nom,
qui possède de grandes écailles et une
longue nageoire dorsale, peut atteindre 98 cm de long
pour un poids de 10 kg. A lâge adulte, cest
un véritable prédateur pour les autres
poissons. Il affectionne les rivières, les lacs
et fleuves du Gabon et rend difficile, depuis peu, la
capture des autres poissons dont il se nourrit. Les
communautés de pêcheurs artisans de la
partie continentale du pays ont manifesté leurs
inquiétudes devant le désastre causé
par la baisse de capture des poissons usuels : carpes,
mérous, mulets, raies etc.
La pêche continentale avait produit
en 1996 près de 9408 tonnes de poissons, selon
la direction générale des pêches
et daquaculture. Cette quantité a fortement
baissé en 2001.
Qui plus est, le Sans nom est un poisson
combatif et sa capture au filet est difficile. Il avait
été introduit en complément au
Tilapia nilotica, compte tenu des atouts quil
présente: sa croissance rapide et sa taille calibrée.
Mais son aire de répartition aujourd'hui incontrôlable
et sa difficile cohabitation avec les autres espèces
inquiètent de plus en plus les autorités.
Antoine Lawson