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Diplomatie écologique
(ASP) - Même la diplomatie a ses miracles. Tewolde Gebre
Egziabher en est la preuve vivante. Ce délégué
éthiopien était au coeur du sommet de l'ONU sur
la biosécurité, qui avait lieu la semaine dernière
à Montpellier. Mais il est dans le décor depuis
plus longtemps encore. Négociateur hors pair, il parvient
depuis le début des négociations sur la biodiversité,
lancées au sommet de Rio en 1992, à concilier les
positions très hétérogènes des pays
de son continent: entre le Kenya ou l'Egypte, grands ouverts
aux OGM, et une Afrique Noire francophone sur la défensive.
Sans parler de l'Afrique du Sud, qui a cultivé l'an dernier
300 000 hectares de plantes transgéniques.
Le secret de Tewolde? Partir des réalités locales
sans entrer dans les controverses idéologiques. "Les
OGM feront peut-être un jour la preuve de leur utilité",
explique-t-il prudemment, mais "ce n'est pas le cas aujourd'hui".
Or, qu'ils soient partisans ou adversaires des OGM, tous les
pays africains se rejoignent pour constater qu'ils ne disposent
ni des législations, ni des infrastructures nécessaires
pour encadrer l'inévitable diffusion des OGM sur leurs
territoires. Comme le note l'Algérienne Meriem Louanchi,
experte auprès de l'Agence africaine des biotechnologies,
"les multinationales productrices d'OGM sont déjà
implantées en Afrique à travers le marché
des phytosanitaires, et elles vont chercher à profiter
du vide législatif pour diffuser leurs plantes transgéniques".
Les pays africains réclament donc par la voix de Tewolde
une législation internationale très stricte sur
les importations d'OGM: "nous soutenons l'obligation d'étiquetage
des OGM destinés à être disséminés
dans l'environnement, mais il faut aussi des règles sur
le transport et la manutention des cargaisons, applicables à
tous les OGM". La distinction entre semences et récoltes
destinées à l'alimentation, au coeur des ententes
actuelles, ne s'applique pas toujours dans les pays en développement.
"Personne ne peut être sûr que les consommateurs
vont réellement utiliser les grains dans le but prévu
par l'importateur. Un agriculteur peut très bien décider
de nourrir ses animaux avec une partie de ses semences génétiquement
modifiées", explique ainsi Sem Taukondjo Shikongo,
délégué namibien.
Alors que les Européens en sont à débattre
des seuils autorisés d'OGM dans l'alimentation animale,
la plupart des pays africains commencent à peine à
bâtir une législation sur les biotechnologies. Si
les grandes conférences internationales ont une vertu,
c'est bien de rappeler la profondeur du fossé entre le
Nord et le Sud...
Nicolas Chevassus-au-Louis
à Montpellier
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