"Si on ne le fait pas ici, on le fera ailleurs"
(ASP) - Ca, cest
le message le plus inquiétant quont pu
entendre les sénateurs américains siégeant
au sous-comité
qui, cette semaine, discutent de clonage humain.
Deux représentants de la secte raëlienne,
dont le grand patron lui-même, sont venus défendre
leur intention de cloner un être humain -un bébé
décédé tragiquement- à plus
ou moins brève échéance. Et ne
se sont pas privés de dire que si, dans le pire
des cas -le pire des cas, de leur point de vue- les
Etats-Unis devaient interdire le clonage, ils réussiraient
bien à trouver, ailleurs sur cette planète
(ou sur une autre ?) quelquun qui lautoriserait.
Mais nonobstant laspect
spectaculaire de cette intervention, les autres présentations
vont davantage pencher en faveur dun interdit,
ou au minimum dun embargo. Et parmi ceux qui ont
déjà fait part de leur opposition vigoureuse
au clonage humain, nul autre que le père du clonage
lui-même, si lon peut dire, Ian Wilmut,
de lInstitut Roslin, en Ecosse, celui à
qui on doit, en 1997, le clonage de la brebis Dolly.
En fait, coïncidant
avec leur apparition devant le congrès américain,
Ian Wilmut et son collègue de lInstitut
Roslin, Rudolf Jaenisch, publient ce jeudi dans Science
un texte dopinion aux allures de manifeste. Intitulé,
tout simplement : " Ne clonez pas les
humains ! " Ils y détaillent pourquoi
le clonage humain, pour quelque motif que ce soit, devrait
être interdit à lheure actuelle.
Le taux déchec effarant dabord :
il a fallu 277 tentatives avant de réussir Dolly ;
parmi les embryons qui se sont implantés avec
succès dans lutérus des mères
porteuses, la majorité ne sont pas arrivés
à terme. Et depuis Dolly, on sest aperçu
quun nombre anormalement élevé de
clones "réussis" sont nés avec
des malformations (reins, système immunitaire,
circulatoire ou respiratoire) ou un poids supérieur
à la normale. De toute évidence, la "technique"
est loin dêtre au point, et dans de telles
conditions, lexpérimenter
chez des êtres humains serait "irresponsable".
A lheure actuelle,
seule une poignée dÉtats dans le
monde bannissent explicitement le clonage humain. Dans
la majorité des autres, comme le Canada et le
France, une telle tentative tomberait dans une zone
grise où plusieurs experts doutent que les lois
actuelles sur les technologies de reproduction, auraient
prise.