De l'argent contre le sida 
                        (ASP) - Alors que la victoire du David 
                          sud-africain contre les Goliath pharmaceutiques provoque 
                          encore des échos, 
                          le secrétaire général des Nations 
                          Unies annonce 
                          la création dun fonds spécial de 
                          lONU sur le sida. Il était temps. 
                        Lannonce a été faite 
                          à Abuja, au Nigéria, dans le cadre dune 
                          rencontre spéciale de 47 chefs dEtat africains 
                          sur le sida, la tuberculose et les maladies infectieuses, 
                          rencontre organisée par lOrganisation de 
                          lunité africaine les 26 et 27 avril. LAfrique 
                          où, faut-il le rappeler, vivent 24 des 30 millions 
                          dhumains atteints du sida dont la plupart 
                          sont voués à une mort certaine parce que 
                          ni eux ni leurs hôpitaux nont les moyens 
                          de payer les traitements. Et mine de rien, même 
                          cette rencontre naurait pas pu être organisée 
                          par lOUA il y a seulement quelques années, 
                          alors que bon nombre de gouvernements africains y 
                          compris celui du Nigéria- niaient encore la réalité 
                          du sida.
                        La victoire contre les compagnies pharmaceutiques 
                          (lire David a fait trébucher 
                          Goliath) constitue un immense pas en avant, explique 
                          le directeur de lagence des Nations Unies contre 
                          le sida (ONU-Sida), Peter Piot. Mais il reste encore 
                          du chemin à faire. Les prix des médicaments 
                          ne baisseront pas du jour au lendemain, et les médicaments 
                          "pirates" -ou médicaments génériques- 
                          sont encore loin dêtre accessibles partout. 
                          "Il ny a pas de miracle, explique-t-il à 
                          Libération. Avant de traiter les dizaines 
                          de millions de malades africains touchés, il 
                          faut commencer par des milliers. Il faut s'assurer d'un 
                          minimum de prise en charge et surtout de suivi. Ainsi, 
                          au niveau de chaque pays, il faut travailler pour faire 
                          l'inventaire, voir les besoins et les moyens." 
                          Et pour tout cela, il faut de largent. Doù 
                          le fonds spécial de lONU: "ces dernières 
                          années, nos petits projets pilotes d'accès 
                          aux médicaments n'ont pas changé grand-chose... 
                          Même quand les prix des médicaments sont 
                          bas, les gens n'ont pas les moyens. On ne s'en sortira 
                          pas sans un apport massif de l'extérieur. " 
                        
                        Uniquement au Nigéria, selon des 
                          chiffres non-officiels, le taux de prévalence 
                          au sein des 15-49 ans serait passé de 1,8% en 
                          1991 à 5% en 1999.