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semaine du 7 mai 2001



Ceci n'est pas un bébé-OGM


Voici un exemple qui démontre que, en journalisme scientifique, il ne faut pas toujours croire à tout ce que vous lisez dans les journaux. Des chercheurs américains ont créé des bébés génétiquement modifiés, ont claironné comme un scoop les médias britanniques en fin de semaine. Vrai ou faux ? Vrai, à condition de donner un sens très large au terme "génétiquement modifié". Sauf que toute la planète en avait parlé... il y a trois ans.


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Tout a commencé à l’antenne de la BBC. Citant un éditorial de la revue spécialisée Human Reproduction, la télévision britannique rapporte vendredi, le 4 mai, que des chercheurs américains spécialistes du traitement de la stérilité, ont donné naissance aux premiers bébés génétiquement modifiés.

Rapidement, les chercheurs concernés démentent, ou du moins apportent des nuances: non, nous n’avons pas modifié les gènes de ces bébés, nous n’avons pas modifié leur ADN proprement dit. Et surtout, s'empressent-ils s'ajouter, cet éditorial fait le point sur des expériences en cours... depuis trois ans (lire notre texte Le bébé aux deux mamans, du 19 octobre 1998). Expériences qui, à l'époque, avaient été dûment annoncées, et qui ont permis la naissance, jusqu’ici, d’une trentaine de bébés, environ la moitié aux Etats-Unis (résultat d’un travail expérimental réalisé à l’Institut de médecine reproductive de St. Barnabas, New Jersey), et l’autre moitié en Europe.

S’ils n’ont pas modifié les gènes de ces bébés, de quoi parlons-nous ici?

Au départ, une simple théorie. Certaines femmes seraient stériles en raison de la mauvaise qualité de leurs ovules, plus précisément, de la mauvaise qualité de leur cytoplasme, cette "gelée" dans laquelle baignent les chromosomes (là où réside notre code génétique). La solution, expérimentée avec succès, puisqu’elle a conduit à la naissance de ces 30 bébés en bonne santé: prendre l’ovule malade, lui injecter du cytoplasme étranger. Résultat : le bébé a les gènes du père et de la mère, et personne n’y voit de différence.

A un minuscule détail près, mais c’est ce détail qui fait toute la différence: dans le cytoplasme résident plusieurs choses, dont les mitochondries, ces "centrales d’énergie" de nos cellules. Or, les mitochondries contiennent elles aussi des gènes. Très peu, mais quelques-uns tout de même, qui ne sont transmis que par les mères. De sorte qu’un bébé né avec cette technique se trouve à hériter d’une minuscule poignée de gènes, les gènes mitochondriaux, provenant en quelque sorte d’une... deuxième mère.

On ne considère généralement pas que les gènes mitochondriaux ont un impact sur la personnalité ou l'apparence physique d'une personne. Mais on commence à soupçonner qu’ils pourraient jouer un rôle dans le développement de maladies telles que l'Alzheimer ou le Parkinson.

Donc, en un sens, il y a bel et bien ajout de gènes " étrangers " dans ces 30 bébés. Pas de manipulations génétiques, pas d’ajout pour "améliorer" le futur bébé, mais un ajout tout de même. D’où le fait que, au sens strict du terme, on puisse vraiment parler d’un bébé " génétiquement modifié ", même s’il ne s’agit que de 27 gènes sur plus de 30 000. Et puisque ces gènes se transmettent de mère en fille, ils pourront être transmis aux descendantes de ces "bébés aux deux mamans".

Des tests génétiques ont confirmé la présence de gènes "étrangers" chez plusieurs de ces 30 bébés.

Ce qui, dès lors, soulève d’autres questions —et c’était le but de l’éditorial de la revue Human Reproduction (qui contenait bel et bien cette phrase, laquelle a déclenché toute cette controverse : ceci est "le premier cas de modification génétique de la lignée germinale résultant en des enfants sains et normaux"). Les questions soulevées tournent autour de ceci: cette technique de transfert de cytoplasme, c’est, à peu de choses près, exactement celle qui a été employée pour le clonage d’animaux adultes. C’est, en fait, suffisamment près de la manipulation d’embryons pour être illégal dans quelques pays, dont la Grande-Bretagne, et illégal aux Etats-Unis... dans les laboratoires subventionnés par l’Etat, mais pas dans ceux payés par l’entreprise.

Plus encore, c’est un transfert de gènes qui seront transmis aux descendants, chose que se sont refusés à faire de nombreux scientifiques, pour la simple et bonne raison qu’on sait encore fort peu de choses sur les gènes, et encore moins sur les gènes mitochondriaux. Au cours de la fin de semaine, en Grande-Bretagne —mais, curieusement, pas aux Etats-Unis- les témoignages de scientifiques se disant "horrifiés" qu’on en soit rendu à ce stade, ont eu la cote dans les médias.

Que sera la prochaine annonce?


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