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semaine du 19 novembre 2001



Faut-il réglementer la biologie?


Les biologistes devraient être davantage conscients que leur travail peut conduire à la création d’armes terrifiantes. Mais il est dommage qu’il faille des événements comme ceux des dernières semaines pour qu’on commence à s’en émouvoir.


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Faut-il réglementer la biologie afin d’éviter que la recherche ne conduise à la création d’armes biologiques ? La question est posée le plus sérieusement du monde par la revue Nature elle-même qui, dans un reportage et un éditorial publiés dans sa dernière édition, s’indigne de ce que les biologistes ne se soient pas davantage interrogés, depuis une décennie, sur les conséquences de certains de leurs travaux, alors que l’actualité leur rappelait de plus en plus la menace d’un bioterrorisme.

Dans le cadre d’un congrès de l’industrie pharmaceutique tenu à Londres le 6 novembre, le directeur du groupe de travail du ministère américain de la Défense sur le bioterrorisme, George Poste, a critiqué les biologistes pour leur "naïveté" et les a enjoints à réfléchir au plus vite à la façon dont les données recueillies par des recherches légitimes pourraient être détournées à des fins malveillantes. Il est temps, a-t-il lancé, que la biologie "perde son innocence".

Sans quoi, a-t-il implicitement ajouté, les gouvernements pourraient se charger eux-mêmes de réglementer le travail des scientifiques...

Et dans son éditorial, Nature ne s’insurge pas contre cette menace voilée: au contraire, elle reconnaît que les biologistes ont failli à leur responsabilité de citoyens en refusant de s’interroger sur les conséquences de leurs actes, au contraire des physiciens qui se sont insurgés contre le développement des armes atomiques, dès les années 40. Un geste qui n’a certes pas empêché le développement de ces armes, mais a au moins accéléré la prise de conscience internationale d'un risque mortel, et la mise en place de mécanisme pour le gérer —ce fut la création de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

"En suggérant que les biologistes s’auto-disciplinent pour empêcher la libre-circulation d’informations vers des créateurs d’armes biologiques, George Poste se gagnera peu d’amis dans les laboratoires, écrit l’éditorialiste (la lecture de ce texte nécessite une inscription à Nature). Mais les biologistes seraient bien avisés de méditer sur ces commentaires... Nature avait exprimé les mêmes inquiétudes dans un éditorial, en mai dernier... Une certaine retenue est souhaitable lorsqu’on s’aventure aux frontières de la biologie."

"Ce qui, à mon avis, est impensable, est le statu quo, à savoir de permettre à de l’information hautement sensible d’entrer dans le domaine public", a ajouté George Poste, qui fut également ancien directeur de recherche chez le géant pharmaceutique SmithKline Beecham.

Mais comment réglementer de la recherche scientifique sans du même coup la museler ? C’est là que Poste et Nature divergent, lorsque le premier cite en exemple une loi anti-terroriste actuellement étudiée au Congrès, qui limiterait aux seuls détenteurs de la citoyenneté américaine l’accès à des agents biologiques potentiellement dangereux. Une proposition qui a déclenché les hauts cris chez les biologistes —il faut se rappeler qu’en recherche de pointe, les "chercheurs invités" venus de l’étranger sont nombreux.

Que faire, par exemple, d’une recherche médicale menée en Australie, sur un vaccin contraceptif, qui prend la forme d’un virus fabriqué pour tromper le système immunitaire? De l’objectif initial —le contraceptif- jusqu’à un virus qui, modifié et "amélioré", pourrait devenir une arme redoutable, il n’y a que quelques pas... Ces chercheurs australiens ont justement reconnu, plus tôt cette année, avoir involontairement créé une souche plus virulente du virus de la variole des souris. Aurait-il fallu interdire dès le départ leurs recherches sur le contraceptif ? Les milieux scientifiques, féministes, sans parler des associations de défense des libertés civiles, auraient hurlé.

"Nous considérons la plus grande ouverture (dans la diffusion d’information) comme sacro-sainte", proteste Tony Fauci, directeur de l’Institut national de recherche sur les allergies et les maladies infectueuses à Bethesda, Maryland. Il se dit également sceptique quant à la possibilité de restreindre l’accès à des banques de données contenant des informations délicates.

"Je passe déjà 90% de mon temps avec les organismes de réglementation", s’insurge Malcolm Brenner, du Collège Baylor de médecine à Houston, Texas, et président de la Société américaine de thérapie génique. "Toute réglementation supplémentaire sera le baiser de la mort."

Là où Nature rejoint Poste, c’est dans cette idée d’obliger les chercheurs, lorsqu’ils soumettent leurs projets, à réfléchir aux implications possibles —et à carrément l’écrire dans leur demande de subvention. Cela n’empêchera pas des organismes tels que les National Institutes of Health d’accorder la subvention, mais cela démontrera au moins qu’un effort de vigilance est en marche.

Rappelons qu’est toujours sur la table un projet de traité international, piloté par les Nations Unies, visant à interdire la production et l’entreposage d’armes biologiques. Les États-Unis se sont opposés à sa ratification en juillet, et s’y opposeront toujours cette semaine, lors d’une rencontre de 144 pays à Genève. Ce qui risque de reléguer le traité dans les limbes pour plusieurs années...

 


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