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Le gène du Nobel
(Agence Science-Presse) - La génétique
est donc à l'honneur des Nobel cette année,
et ça ne fait que commencer: au cours des prochaines
années, il y a fort à parier qu'elle va
enrober la majorité des Nobel de médecine,
à mesure que les percées dans cette science
encore jeunes déboucheront sur des montagnes d'applications
pratiques. Cette fois, c'est la façon dont les
gènes contrôlent la croissance des organes,
qui vaut à deux Britanniques et un Américain
la prestigieuse récompense.
Le
travail associé à cette découverte
remonte à quelques décennies en arrière,
comme c'est généralement le cas avec les
Prix Nobel. En l'occurrence, il faut remonter aux années
60 pour voir l'un des trois heureux élus, Sydney
Brenner, alors à l'Université Cambridge
(Angleterre), travailler sur le ver C. elegans: celui-ci
allait devenir leur "rat de laboratoire" à tous
les trois, dans leur quête pour lier l'analyse des
gènes, la division des cellules et le développement
des organes. Trente ans plus tard, ce ver deviendrait,
en partie grâce à leur acharnement, le premier
animal à voir son génome entièrement
décodé.
Entretemps, le Britannique John Sulston,
également à Cambridge, avait démontré,
dans les années 70, que certaines cellules bien
précises se lancent dans un processus de "mort
programmée" -une sorte de suicide à l'échelle
microscopique- et que ceci fait partie intégrante
du processus de croissance, chez ce ver comme chez les
humains; et l'Américain Robert Horvitz, du Massachusetts
Institute of Technology, avait identifié, dans
les années 80, les gènes contrôlant
cette mort cellulaire chez le ver.
Bref, un lent et long travail, pratiquement
inconnu du grand public, qui n'a jamais fait les manchettes
en 30 ans, mais dont les résultats font aujourd'hui
partie des acquis de la science médicale: la mort
programmée des cellules, le développement
des organes, et les gènes qui sont derrière
tout cela.
Tous ces éléments qui s'emboîtent
les uns dans les autres permettent
par ailleurs de mieux comprendre, aujourd'hui, les mécanismes
à l'oeuvre derrière un coeur malade, derrière
des cellules attaquées par le VIH (le virus responsable
du sida), ou derrière la progression d'une tumeur
cancéreuse.
Le Nobel de médecine a été
annoncé lundi, le 7 octobre, comme c'est l'usage:
l'annonce du lundi ouvre traditionnellement la "semaine
Nobel", celle-ci culminant avec l'attribution du Nobel
de la paix, le vendredi.