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semaine du 7 octobre 2002



Quand la science va plus vite que la politique


A
grands frais et au prix d'un long, long travail, les scientifiques ont décodé les secrets de la malaria. Malheureusement, les efforts pour enrayer la maladie ne sont pas, eux, à l'ordre du jour.

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Saviez-vous que la malaria tue une personne... toutes les 30 secondes? Au bout d'un an, cela fait un million de personnes. Des traitements contre cette maladie existent pourtant. Mais ces traitements sont souvent hors de prix, ou les services de santé, trop dispersés, dans maintes régions d'Afrique et d'Asie. Alors à quoi diable servira-t-il d'en avoir décodé le génome?

Peut-être à rien. Un constat cruel jeté à la tête des généticiens de deux dizaines de pays, si fiers, cette semaine, d'avoir annoncé à la Une des revues Nature et Science, avoir décodé le génome du parasite responsable de la malaria (Plasmodium falciparum), et du moustique (Anopheles gambiae) qui transmet ce parasite aux humains.

Il existe par exemple un programme parrainé depuis 1998 par l'Organisation mondiale de la santé, Roll Back Malaria, dont l'objectif est d'éradiquer cette maladie d'ici 2010. Or, ce programme est voué à l'échec, s'il ne se soumet pas rapidement à une cure de rajeunissement, vient de dénoncer, depuis Paris, un comité de sept experts en santé publique et en économie dirigé par le Californien Richard Feachem. Le programme, dénoncent-ils, a été très fort pour dresser des priorités et s'adjoindre de prestigieux partenaires (dont la Banque mondiale) mais depuis, stagne dans les marécages de la bureaucratie.

Le financement pour la lutte contre la malaria a pourtant doublé entre 1998 et 2002, en partie grâce à ce comité, admet la revue Nature, elle aussi fort critique cette semaine: il atteint à présent les 200 millions$. Mais il en faudrait bien plus pour que les 50 pays affectés par la malaria puissent accorder à leurs malades un accès rapide aux traitements: un accès aussi rapide que si, à Montréal ou à Paris, vous étiez soudain atteint de malaria...

On estime à plus de 300 millions le nombre de gens, à travers le monde, infectés par ce parasite, la plupart en Afrique. Et 200 millions$, ce n'est que le dixième de ce qui aura été dépensé cette année dans la lutte contre le bioterrorisme.

Dans un tel contexte, à quoi servira le décodage du génome, qui a nécessité six ans et coûté 20 millions$? On a l'habitude, depuis une demi-décennie, de saluer chaque nouvelle découverte d'un gène lié à une maladie, par l'espoir que cela permette d'en apprendre plus sur cette maladie, et par conséquent, d'aider un jour les malades. Mais dans le cas de la malaria, les errements politiques, la mauvaise gestion et l'indifférence des pays du Nord sont tels, qu'il saute aux yeux que ce nouveau savoir n'aidera en rien, dans l'immédiat, ceux qui souffrent au Sud.

Le décodage du génome du parasite de la malaria aurait dû ouvrir la porte sur de nouvelles opportunités scientifiques. "Mais cela pourrait plutôt accroître les tensions sur la façon de mieux dépenser les maigres ressources allouées à la recherche et au contrôle de la malaria", dénonce encore le journaliste Declan Butler, dans une analyse que publie la revue Nature, côte à côte avec les articles scientifiques proprement dits.

Ce dont le Sud a un urgent besoin en effet, c'est d'un investissement des compagnies pharmaceutiques et des pays riches, pour développer de nouveaux médicaments et vaccins, qui soient moins coûteux... et qui puissent remplacer ceux (comme la chloroquine) qui, déjà, commencent à perdre de leur efficacité, le parasite ayant développé une résistance.

Et ce dont le Sud a besoin, c'est aussi de davantage de médecins et d'experts, sur place, chez lui. De là l'Initiative multilatérale contre la malaria, lancée en 1997, au Sénégal, à l'initiative d'agences de recherche, d'organismes charitables et de mécènes.

Autrement, s'il faut laisser à la science le soin de suivre le cours naturel, il faudra au moins 20 ans avant que le décodage des génomes annoncé cette semaine -un exploit scientifique, à n'en pas douter- ne débouche sur des applications médicales: que ce soit la création d'un vaccin, ou la création, souvent esquissée, d'une espèce de moustique génétiquement modifiée de telle façon qu'elle ne pourrait plus transmettre le parasite.


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