Un sida résistant aux médicaments

(ASP) - Ce n’est pas la première fois qu’on suggère que des souches du VIH commenceraient à devenir résistantes aux médicaments anti-sida (voir ce texte). Mais plus les mois passent, et plus les données deviennent inquiétantes. La dernière édition du Journal of the American Medical Association, publiée à point nommé —ce n’est pas une coïncidence- pour le XIVe congrès mondial sur le sida, contient ainsi une étude qui affirme que 13% des cas d’infection au VIH, à San Francisco, sont résistants à une des classes de médicaments, les inhibiteurs de transcriptase. Et 8% sont résistants aux inhibiteurs de protéase, une autre classe de médicaments anti-sida.

San Francisco fut il y a plus de 20 ans, rappelons-le, le premier foyer de l’épidémie de sida en Amériquie du Nord.

Cette hausse "alarmante" devrait obliger les hôpitaux à faire systématiquement subir à leurs patients séropositifs des tests, afin de déterminer s’ils n’ont pas déjà développé une résistance à ces médicaments, recommandent les chercheurs de l’Institut Gladstone de virologie et d’immunologie. Ils ont étudié 225 patients qui venaient d'être infectés et n’avaient pas encore subi de traitements, entre juin 1996 et juin 2001.

Qu’un micro-organisme devienne résistant à un médicament n’a rien de nouveau en médecine: la résistance d’un nombre de plus en plus élevé de bactéries aux antibiotiques est même une des préoccupations majeures de la médecine d’aujourd’hui. Mais dans le cas du sida, que cette résistance apparaisse aussi vite, 20 ans après le début de l’épidémie, et moins de 10 ans après le début de l’utilisation à grande échelle des médicaments, voilà qui étonne.

Comment un virus ou une bactérie devient-il résistant? Par des mutations. Sur un milliard d’individus, il y en a toujours quelques-uns qui, par un accident de la nature —un gène défectueux, par exemple- sont résistants à un médicament. Il suffit que ceux-là survivent, qu’ils s’accrochent à la vie —et le sida est réputé pour sa très grande résistance- pour que, des générations plus tard, on ait toute une descendance de petites bestioles, tout aussi résistantes que leur premier ancêtre. Si le VIH est capable d’évoluer aussi vite en 10 ans, où en sera-t-il dans 10 ans?