Données trompeuses 
                        (ASP) - Les apparences sont souvent trompeuses. 
                          Et les données médicales aussi. Loin de 
                          la froide rigueur que lon imagine, les études 
                          médicales publiées dans les revues spécialisées 
                          contiennent souvent des résultats dont 
                          la valeur a été gonflée... par 
                          un habile communiqué de presse. Et si ce 
                          détournement de sens est repris sans hésitation 
                          par la presse grand public, cest encore pire. 
                        
                        Encore pire, parce que si un centre de 
                          recherche réussit à gonfler limportance 
                          dune étude, ça na pas seulement 
                          pour impact que dattirer chez lui des investisseurs. 
                          Ca peut aussi avoir pour impact dinduire des médecins 
                          en erreur: imaginons les cas où, par exemple, 
                          létude porte sur lefficacité 
                          dun médicament... 
                        Explication: ce dont il est question ici, 
                          ce nest pas de la fraude. Aucun chercheur nest 
                          accusé davoir falsifié ses données. 
                          Tout ce qui est publié est véridique. 
                          Mais certains de ces résultats publiés 
                          sont très banaux. Ce dont on ne se douterait 
                          pas, à lire le communiqué de presse. 
                        Une équipe de lUniversité 
                          de Californie à Davis sest penchée 
                          sur 359 recherches médicales portant toutes 
                          sur des traitements spécifiques- parues en 1989, 
                          1992, 1995 et 1998 dans cinq des plus réputés 
                          journaux médicaux de la planète: le British 
                          Medical Journal, le Journal of the American Medical 
                          Association, le Lancet, le New England 
                          Journal of Medicine et les Annals of Internal 
                          Medicine. Leur étude est parue dans le Journal 
                          of the American Medical Association. 
                        "Le public sattend à 
                          ce que les publicités usent les statistiques 
                          les plus flatteuses pour appuyer lefficacité 
                          de leur produit, explique Jim Nuovo, principal chercheur. 
                          Toutefois, la plupart dentre nous sattendent 
                          à ce que les journaux médicaux fournissent 
                          un éclairage complet sur tous les aspects de 
                          la recherche sur un nouveau traitement."
                        Le dérapage est encore plus grand 
                          lorsque la presse grand public rapporte des résultats 
                          dévoilés lors dun congrès: 
                          souvent, il sagit là de résultats 
                          qui nont pas encore été relus et 
                          vérifiés par le comité de rédaction 
                          dune revue scientifique. Les journalistes leur 
                          accordent pourtant autant dimportance que sils 
                          lavaient été et plusieurs 
                          chercheurs sont bien conscients de limpact que 
                          peut avoir une déclaration un brin spectaculaire, 
                          quelle soit étayée ou non par des 
                          données solides. De fait, a constaté une 
                          deuxième équipe, qui publie également 
                          dans le Journal of the American Medical Association, 
                          dans un cas sur quatre, ces résultats relayés 
                          par la presse nont même pas eu droit, dans 
                          les trois années suivantes, à une publication 
                          dans une revue savante. 
                        Entre le moment où la recherche 
                          de léquipe californienne a été 
                          complétée, et sa publication, au début 
                          du mois, le British Medical Journal a ajouté 
                          une nouvelle règle à sa politique éditoriale, 
                          imposant que soient désormais rendues publiques 
                          toutes les données statistiques dune étude, 
                          même celles qui nont pas été 
                          retenues pour la publication finale. Il craignait peut-être 
                          quon lui reproche quelque chose...