Expérimenter sur des singes: comment, pourquoi? 
                        
                        (ASP) - "Répugnant, mais nécessaire". 
                          Cest la position que prend en éditorial 
                          la revue Nature cette semaine, face aux expériences 
                          médicales sur des singes. 
                        Jusquoù peut-on se permettre 
                          daller, et quelles seraient les conséquences 
                          si on mettait fin à ces expériences, demandent 
                          Sally Goodman et Erika Check, dans une analyse à 
                          laquelle répond léditorial de la 
                          célèbre revue britannique. Le sujet est 
                          difficile, et les deux auteures, deux des journalistes 
                          de la revue, sont conscientes quelles ne convaincront 
                          aucun des défenseurs des droits des animaux. 
                          Mais "de telles recherches sont vitales pour faire 
                          progresser la science contre des tueurs tels que le 
                          VIH ou lAlzheimer", affirment-elles d'emblée. 
                          Si, dans plusieurs domaines, lexpérience 
                          a démontré, au cours des dernières 
                          années, que les expériences sur les animaux 
                          pouvaient être remplacées par des méthodes 
                          moins dommageables, dans dautres en revanche, 
                          il nexiste aucune alternative. "Nous ne devrions 
                          utiliser des primates que lorsque nous sommes sûrs 
                          que nos résultats de recherche seront utilisés 
                          à des fins cliniques", insiste un immunologiste, 
                          Bertt Hart, du Centre de recherche biomédicale 
                          sur les primates à Rijswijk. 
                        Ceci dit, poursuivent les deux auteures, 
                          le fait que les Etats-Unis aient utilisés en 
                          lan 2000 cinq fois plus de primates dans leurs 
                          recherches que lUnion européenne (soit 
                          57 000) démontre que la phrase "il nexiste 
                          aucune alternative" a un sens assez élastique...
                        Un groupe britannique, le forum Boyd, 
                          créé en 1992 par un neurologue et un défenseur 
                          des animaux, vient de publier une nouvelle série 
                          darticles, sous le chapeau de la Société 
                          britannique de psychologie, où il est question 
                          aussi bien de statut moral des singes que de leur réaction 
                          à la douleur. Il en ressort que bien des compagnies 
                          utilisent encore des primates pour rester leurs médicaments, 
                          là où il a été démontré 
                          que des rongeurs ou des chiens feraient laffaire. 
                          Mais il en ressort également quune interdiction 
                          totale des tests sur des singes, en Grande-Bretagne 
                          par exemple où lopinion publique 
                          est beaucoup plus sympathique aux singes quailleurs- 
                          risquerait de faire fuir certains chercheurs vers l'étranger. 
                        
                        Pour les experts du sida par exemple, 
                          la parenté entre le VIH, virus responsable du 
                          sida, et son cousin le VIS, présent chez les 
                          singes, oblige à conserver des singes dans les 
                          laboratoires. Et pour les neurologues, la parenté 
                          entre les cerveaux des singes et les nôtres laisse 
                          croire quil nexiste effectivement aucune 
                          alternative... Mais les progrès rapides des technologies 
                          d'imagerie, qui permettent de voir ce qui se passe dans 
                          le cerveau sans avoir à ouvrir le crâne, 
                          leur donnent de moins en moins raison...