Mondialisation de la santé des pauvres
(ASP) - Entre 40 et 52 milliards dici
lan 2015: cest ce quil en coûterait
pour améliorer considérablement létat
de santé de la population des 83 pays les plus
pauvres de la planète.
La priorité serait de réduire
la prévalence des maladies les plus dévastatrices
dont plusieurs sont faciles à traiter,
pour autant quon ait linfrastructure médicale
nécessaire et largent pour acheter les
médicaments ou entreprendre une campagne massive
de vaccination. Cest en bonne partie à
cela que serviraient ces milliards.
Le calcul constitue le coeur dune
étude publiée dans la dernière
édition de la revue américaine Science
(la lecture du résumé
nécessite une inscription gratuite), et
co-signée par une douzaine de chercheurs de lOrganisation
mondiale de la santé, de lEcole dhygiène
et de médecine tropicale de Londres... et de
la Banque mondiale. Autrement dit, il sagit à
la fois dune analyse médicale du problème...
doublée dune analyse froidement comptable.
"Un tel programme est réalisable, concluent-ils,
et éviterait des millions de décès
de femmes et denfants chaque année dans
les pays pauvres."
Analyse froidement comptable, parce que,
évaluent-ils, une amélioration de létat
de santé se traduirait par une amélioration
de léconomie: moins de forces vives emportées
dans la force de lâge, une meilleure espérance
de vie, et ainsi de suite.
Ce nest pas la première fois,
loin de là, que des chercheurs sindignent
du fait que des populations entières meurent
dans les pays du Sud, faute de soins qui sont accessibles
dans les pays du Nord (mortalité infantile, tétanos,
diphtérie, ou la tuberculose, sur laquelle porte
spécifiquement une autre étude dans
Science, signée seulement par lOMS
cette fois). Mais la présence dun représentant
de la Banque mondiale et de léconomiste
Jeffrey Sachs parmi les signataires signifie quune
autre orientation a pris forme: pour convaincre le Nord
dinvestir ces milliards, allons-y par des arguments
bêtement comptables.
En fait, cest déjà
commencé, souligne létude, en rappelant
le récent rapport de lOMS et de sa Commission
sur la macro-économie et la santé, dont
un des groupes de travail sur la portée des interventions
internationales a fourni une base aux calculs dont il
est question ici. De calculs en calculs, les chercheurs
ont concentré leurs regards sur une liste des
83 pays dont le revenu annuel moyen par habitant est
au bas de léchelle (1200$ et moins). Des
pays dont la population atteindra les 4,8 milliards
en 2015...