
Le 19 novembre 2002

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Qui veut que son enfant serve de cobaye?
(Agence Science-Presse) - Le ministère
américain de la Santé aimerait bien pouvoir
expérimenter un nouveau vaccin contre la variole
chez les enfants. Mais son projet risque d'être contrecarré
par une violente protestation
Pourquoi diable vacciner contre la variole,
alors que ce mal est éradiqué depuis au moins
trois décennies, et que la vaccination anti-variolique
a elle-même cessé d'exister depuis 25 ans?
Eh bien, c'est la faute à Oussama ben Laden et à
George Bush. Au milieu des peurs soulevées et entretenues
depuis l'an dernier, il y en a une qui fait particulièrement
frémir: celle d'une attaque au virus de la variole.
Si cette maladie venait à se répandre dans
une grande ville nord-américaine en effet, les hôpitaux
seraient rapidement débordés: plus personne
ne garde de réserves de vaccins anti-variolique.
Depuis l'an dernier, maints chercheurs ont
donc planché sur la question, et voilà qu'un
groupe est arrivé avec une version "améliorée"
du vaccin qui était utilisé il y a 30 ans.
Sauf que, à l'instar de tout nouveau vaccin, il faudrait
le tester. L'Administration américaine des aliments
et drogues (FDA) a donc publié le 31 octobre un avis
à ce sujet, étape normale de l'étude
publique qu'elle doit mener sur ce projet: 40 enfants de
deux à cinq ans recevraient une dose du vaccin Dryvax
contre la variole (la moitié recevrait la version
complète, l'autre moitié, une version diluée).
L'étude publique est sous la responsabilité
d'un comité de 10 experts -médecins, avocats
et pharmaciens- réunis par le ministère de
la santé. A en juger par leurs commentaires, la plupart
sont d'accord pour dire qu'il y aurait des raisons d'aller
de l'avant avec ce test, mais leurs réserves sont
nombreuses.
Mary Faith Marshall, du Centre médical
de l'Université du Kansas, mentionne par exemple
que la probabilité d'une attaque à la variole
est singulièrement peu élevée. Et même
si cela devait se produire, l'épidémie n'affecterait
qu'une petite poignée de régions, de sorte
que la probabilité que l'un des 40 enfants vaccinés
ne profite de ce vaccin est infinitésimale. La seule
chose qu'on veut tester en réalité, c'est
l'existence ou non d'effets secondaires. Or, la probabilité
que ces enfants subissent effectivement des effets secondaires
graves est, elle, beaucoup plus élevée. Le
jeu en vaut-il la chandelle?
Paul Offit, directeur des maladies infectieuses
à l'Hôpital pour enfants de Philadelphie, ajoute
à cela que jamais il n'a été apporté
même un soupçon de preuve à l'effet
que l'Irak, ou toute nation potentiellement dangereuse en-dehors
de la Russie, ait sur son sol des réserves du virus
de la variole.
La FDA attend les réactions du public
à ce projet jusqu'au 2 décembre. Après
quoi une décision sera rendue par le Secrétaire
à la santé (leur ministre, aux Etats-Unis)
et le directeur de la FDA.
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