Chine: l'activiste anti-sida libéré
(Agence Science-Presse) - Après
26 jours de détention, le Dr Wan Yanhai, cet
activiste chinois dont on craignait pour la vie, a été
libéré par les autorités chinoises.
Celles-ci restent campées sur leur position:
l'homme, connu à travers le monde pour ses campagnes
de prévention et d'information sur le sida, et
ses critiques du travail du gouvernement chinois en
la matière, aurait disséminé illégalement
des informations.
Certes, comme nous l'écrivions
la semaine dernière (voir
ce texte), tout le monde sait que la Chine n'est
pas l'endroit rêvé pour critiquer les autorités.
Mais lorsque ce couvercle placé sur l'information
concerne l'épidémie de sida, on s'interroge
sur la santé mentale de ceux qui gouvernent.
Car les chiffres sont de plus en plus
alarmants: il y a là-bas, désormais, au
moins un million de personnes infectées par le
VIH, le virus responsable du sida. Au moins. Parce que
c'est là le chiffre admis du bout des lèvres
par les autorités. Un rapport des Nations Unies
publié en juin parle plutôt dun million
et demi, et prévient que ce nombre pourrait atteindre
10 millions à la fin de la décennie. Le
gouvernement chinois ne fait que commencer, tout doucement,
à mettre sur pied des campagnes de prévention
et dinformation.
Le Dr Wan Yanhai avait été
choisi en juillet 2002 pour recevoir le Prix de l'Action
contre le VIH et pour les droits humains, créé
cette année par le Réseau juridique canadien
VIH/sida et l'organisme Human Rights Watch. C'est son
épouse qui est venu chercher le prix à
sa place, le 13 septembre, ce qui a contribué
à accroître la pression médiatique
sur le gouvernement de Beijing.
En août 2001, le ministre de la
Santé avait admis que, dans la province du Henan,
des milliers de gens avaient été infectés
à travers des transfusions de sang. Mais là
où ça devenait carrément gênant
pour le gouvernement, c'est que ce sang provenait de
réserves échappant au contrôle des
autorités. Ce sont ces informations que Wan Yanhai
aurait illégalement "disséminées",
celles-là et d'autres, faisant état de
fonctionnaires locaux qui auraient tiré des bénéfices
financiers de ces réserves illégales de
sang.
Libéré en fin de semaine,
Wan Yanhai a déclaré aux journalistes
que de révéler ces informations avait
été une "erreur". Le gouvernement s'en
est de son côté pris aux médias
étrangers, à qui il a reproché,
cela va sans dire, d'avoir fait "beaucoup de bruit"
autour de cette arrestation.