Un chercheur sur puce électronique
(ASP) - Le scientifique qui essaie de
se connecter à un ordinateur est critiqué
par ses collègues: un "gadget", contestent en
effet ceux qui y voient
plus un événement médiatique qu'une
expérience qui fera avancer la science.
C'est maintenant chose faite: des chirurgiens
ont implanté dans le bras du professeur d'informatique
Kevin Warwick un appareil électronique qui, affirme-t-il,
devrait lui permettre de "communiquer" ses émotions
et certains ordres à un ordinateur.
L'appareil d'un centimètre de long
doit être le premier pas vers des applications
médicales, en particulier chez les patients qui
ont été victimes de dommages au cerveau
ou à la moelle épinière. C',est
du moins ce qu'on lit dans le communiqué émis
par l'équipe de Warwick, à l'Université
de Reading, en Angleterre.
Mais plusieurs experts sont sceptiques.
"C'est bien, pour l'industrie du divertissement, mais
cela ne va pas contribuer le moins du monde à
la neurologie", lance Nick Donaldson, du Collège
universitaire de Londres.
Il faut dire que les rêves de Kevin
Warwick vont bien au-delà d'une puce médicale.
Il a souvent écrit que les humains étaient
vouées à devenir des cyborgs -c'est-à-dire
des individus en partie humain, en partie machine. Dès
1998, il avait implanté temporairement un transmetteur
dans son bras, relié sans fil à un ordinateur,
qui avait pour conséquence de faire ouvrir la
porte de son bureau et d'allumer automatiquement les
lumières, dès qu'il arrivait à
proximité. Cette fois-ci, plutôt que d'ouvrir
une porte, Warwick espère faire remuer ses doigts
via l'ordinateur -après avoir remué autant
de doigts qu'il sera nécessaire pour que l'ordinateur
enregistre les connections correspondantes de neurones,
et ensuite, tente de reproduire le tout.
Ce type d'implant est d'ores et déjà
utilisé dans des expériences animales,
mais l'activité du cerveau d'un humain est autrement
plus complexe, d'où le scepticisme d'un Nick
Donaldson, ou d'un Steve McMahon, professeur de physiologie
au Collège universitaire King's de Londres: pour
lui, l'expérience Warwick permettra de recueillir
peu de données utiles. "Les
électrodes n'ont virtuellement aucune chance
d'enregistrer l'activité des neurones associées
avec les signaux qui transmettent des messages de douleurs
ou d'émotions. Les fibres nerveuses qui sont
liées à ces états créent
des signaux électriques qui sont tout simplement
trop faibles pour être détectés
avec cette technologie."