
Le 28 novembre 2002

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Jouer à Dieu
(Agence Science-Presse) - Darwin doit s'en
retourner dans sa tombe. Ils appellent ça "accélérer
l'évolution": des scientifiques ont inséré
des gènes responsables du cancer dans des plantes
et des animaux, dans le but de produire en quelques années
des mutants qui, dans la nature, auraient nécesisté
des millénaires.
La technique, en fait, est déjà
utilisé en génétique et en agro-alimentaire,
où elle sert, justement, à améliorer
la production d'animaux et de plantes comestibles. Mais
dès lors qu'un gène humain surgit dans l'équation,
cela devient une autre paire de manches. Des
scientifiques britanniques ont fait part aux médias
de leur condamnation de cette méthode, vantée
récemment par son créateur, la compagnie américaine
Morphotek. Celle-ci y voit une avenue prometteuse pour les
compagnies pharmaceutiques et alimentaires, puisqu'elle
permettrait d'isoler beaucoup plus rapidement des familles
de plantes et d'animaux très rentables.
Mais pourquoi cette technique est-elle justement
plus rapide que la technique plus classique des croisements
entre individus prometteurs, ou la multiplication des plantes
auxquelles on a ajouté un gène précis?
Parce que le gène en question est justement relié
au cancer. Et que le cancer, rappelons-le, est un mal dont
la caractéristique est une croissance plus rapide
que la normale -trop rapide, lorsqu'elle est incontrôlée.
Introduire ce gène dans des animaux
ou des plantes, ou même des bactéries, déstabilise
leur code génétique -leur ADN- et entraînerait
la création de plus de rejetons mutants que ne le
veut la normale. Si le but est de créer, par exemple,
davantage de plantes résistantes à un insecte
en particulier, il faut donc moins de temps à l'agriculteur
pour obtenir une masse critique de ces plantes. C'est du
moins ce qu'affirme Morphotek, et c'est bien là ce
qui inquiète les opposants: qu'arriverait-il si ces
gènes-clefs s'échappaient dans la nature?
Pour l'instant, le projet est encore dans
sa phase théorique: aucun animal n'a reçu
d'injections de tels gènes, juste des cellules de
mammifères, en éprouvette. Mais la technologie
progresse trop vite à notre goût, proteste
la branche britannique des Amis de la Terre, en entrevue
au quotidien The Observer.
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