Vingt-sept
espèces verraient
leur population décroître
de façon régulière
depuis au moins une
décennie. Un
portrait qui commence
à inquiéter,
au point où certains
ne peuvent sempêcher
de faire un parallèle
avec ce qui se passe
chez les grenouilles:
à travers le
monde, des populations
qui diminuent inexorablement,
sans quon ne soit
encore parvenu à
savoir exactement pourquoi.
En France,
doù provient
cette dernière
étude, le coucou
serait en baisse de
28%. La perdrix, de
49% dans les terres
agricoles. Le pigeon
colombien, de 56% dans
les forêts de
lHexagone. La
mésange nonette,
de 59%. La pie bavarde,
de 61%. La linotte mélodieuse,
de 62%. Le pouillot
siffleur, de 73%. Lhirondelle
de fenêtre, de
84% !
Ont-ils
émigré
ailleurs ? Certains
dentre eux, sûrement,
mais pas tous. Qui plus
est, des tendances à
la baisse des populations
doiseaux ont déjà
été enregistrées
par dautres chercheurs
dans des pays voisins:
Allemagne, Grande-Bretagne,
Pays-Bas.
Létude
française dont
il est question ici
est un programme de
"suivi temporel
doiseaux communs",
de son petit nom Stoc,
et elle est en cours
depuis 1989 au Muséum
dhistoire naturelle
de Paris. Quatre-vingt-neuf
espèces doiseaux
sont concernées,
tous suivis par une
armée dornithologues
amateurs. Toutes les
baisses ne sont pas
aussi spectaculaires
que celles mentionnées
ci-haut. Mais
la moyenne générale
est tout de même
une perte de 10%.
"Certaines
espèces ont tendance
à fluctuer naturellement",
rappelle dans Libération
lun des chercheurs,
Romain Julliard. De
sorte que les baisses
les moins spectaculaires
peuvent être tout
à fait naturelles:
même 13 années
détudes,
ce nest pas beaucoup,
pour prédire
lévolution
à long terme
dune population
doiseaux. Mais
des dégringolades
de plus de 50% sont
carrément inquiétantes.
Quarante
espèces sont
stables. Huit connaissent
une croissance importante,
dont la tourterelle
turque (188% !)
et le rouge-gorge (79%),
qui avait été
passablement éprouvé
par les hivers 1985-1987.
"Les
espèces spécialistes
d'un milieu ont davantage
tendance à la
baisse que les espèces
généralistes,
ce qui suggère
que les causes de cette
baisse sont plus liées
aux changements du milieu
et à l'intensification
de son exploitation
(pour l'agriculture
par exemple), qu'aux
changements climatiques",
avancent Julliard et
son collègue,
Frédéric
Jiguet.
De lautre
côté de
lAtlantique, au
même moment, un
reportage du magazine
National Wildlife
fait état de
la diminution inquiétante,
depuis 20 ans, du nombre
de canards dans certaines
régions de la
forêt boréale
canadienne. On parle
dune diminution
de moitié de
certaines espèces,
entre 1978 et aujourdhui.
Là aussi, les
données sont
éparses, mais
année après
année, les observations
damateurs et de
spécialistes
saccumulent pour
pondre un portrait de
moins en moins réjouissant.
Lagriculture,
lexploitation
pétrolière
(en Alberta), des contaminants
dans la nourriture de
ces canards, le réchauffement
de la planète
et la coupe du bois,
sont mises en cause,
sans que lon ait
pu jusquici pointer
du doigt un seul coupable
à part,
bien sûr, un certain
mammifère dressé
depuis quelques millions
dannées
sur ses pattes de derrière...