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semaine du 11 février 2002



Clones et politique


L'heure est aux décisions politiques. Aux Etats-Unis comme en Europe, se dessinent les lois qui encadreront les futures recherches sur l’embryon et le clonage humain. Pour le meilleur et pour le pire, ce qui est en train de se décider pourrait déterminer le statut du clone pour les décennies à venir.

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C’est que depuis l’annonce de la naissance de la brebis Dolly, en 1997, une série d’événements est venue confirmer l’urgence d’adopter des règles. Le dernier en date étant cette annonce, en novembre, par l’entreprise américaine Advanced Cell Technology, de la création de soi-disant clones humains. Qui, s’ils n’ont pas vécu plus de quelques heures, n’en ont pas moins fait frissonner une partie de la planète.

Dans tous les pays, les législateurs se heurtent à la même question, bien plus ancienne que tous les débats sur le clonage: quel est le statut de l’embryon? Pour les uns, dont les groupes religieux, l’embryon est un être humain à part entière, et doit à ce titre être respecté et protégé. Pour les autres, il est un extraordinaire matériau thérapeutique, source intarissable des fameuses cellules souches: ces cellules "bonnes à tout faire" qui peuvent en théorie donner naissance à toutes sortes d’organes et ouvrir ainsi la voie à une nouvelle médecine, dite "régénératrice".

Les pays développés restent - du moins officiellement - farouchement opposés au clonage reproductif, c’est-à-dire celui auquel on doit la brebis Dolly, donc celui qui permettrait de donner naissance à des doubles de personnes vivantes ou mortes. Mais le clonage thérapeutique, lui, est beaucoup plus controversé. Il vise à créer, à partir d’une cellule d’un patient, un embryon (qui serait, donc, le clone du patient) afin de récupérer ses cellules souches, lesquelles se transformeront en de nouveaux organes ou tissus "de rechange"; organes qui seront bien sûr compatibles avec le donneur, puisqu’ils seront les clones de ses propres organes.

La cacophonie règne au Congrès américain. Sénateurs et Représentants sont extrêmement divisés sur la question et aucun camp ne semble vouloir lâcher prise. En juillet dernier, la Chambre des Représentants a adopté une proposition de loi interdisant toute forme de clonage humain. Dans les semaines à venir, le Sénat examinera une autre proposition de loi, qui autoriserait cette fois les scientifiques à créer des embryons par clonage pour la recherche médicale.

Chaque camp se retranche dès lors derrière ses " groupes d’experts " qui se renvoient la balle à coup de rapports contradictoires : l’Académie des Sciences américaine s’est prononcée mi-janvier en faveur du clonage thérapeutique. Elle propose en outre un moratoire de cinq ans sur le clonage reproductif, "tant que les techniques ne sont pas au point". Au même moment, le conseil de bioéthique du Président George Bush a clairement affiché son désir de voir interdire toute forme de clonage.

Lassés par une bataille dont personne ne voit venir la fin, certains Etats pensent même à ériger leurs propres lois, ce qui ne simplifierait guère les choses. "Si ça continue, on va voir arriver un patchwork de règles où le clonage thérapeutique sera autorisé dans les Etats libéraux et interdit dans les régions conservatrices", résume l’hebdomadaire britannique Nature.

A l’opposé, la classe politique française a été gagnée par un large consensus. L’Assemblée Nationale vient d’adopter un projet de loi qui interdira toute forme de clonage… par 325 voix contre 21. Le projet sera examiné au Sénat à l’été ou l’automne avant d’être définitivement accepté.

L’accord a été tel que les législateurs ont négligé de débattre d’un autre aspect de la loi, qui autorisera les recherches sur les embryons surnuméraires congelés — autrement dit, les embryons créés par fécondation in vitro et qui sont restés " inutilisés ". Ces recherches permettront aux scientifiques de fabriquer leurs propres lignées de cellules souches. Or, une telle loi aurait fait bondir la majorité des Français il y a encore quelques années… c’est dire si les barrières morales évoluent rapidement depuis la naissance de Dolly.

A première vue, l’Allemagne apparaît comme l’un des pays les plus conservateurs d’Europe : pas question pour elle d’autoriser le clonage ou même toute recherche sur l’embryon. Pourtant, sous la pression de ses scientifiques, le pays vient de légaliser en toute discrétion l’importation de cellules souches venues de l’étranger. Et qui, donc, proviendront d’embryons, clonés ou non. La décision a provoqué un tollé en France, qui y voit une façon de se débarrasser des problèmes éthiques liés à la recherche sur l’embryon... tout en profitant des recherches des autres pays pour faire avancer sa propre recherche médicale…

La Grande-Bretagne est le seul pays européen à s’être doté d’une législation autorisant sans ambiguïté la création d’embryons humains à des fins thérapeutiques.

A défaut de règles claires, sept pays de l’Union permettent encore la naissance d’enfants clonés sur leur territoire : la Suède (qui a annoncé fin-janvier qu’elle allait interdire le clonage reproductif et légaliser le clonage thérapeutique), la Finlande, le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et le Portugal. Mais la plupart de ces pays veulent en finir avec un flou juridique, qui devient de plus en plus dangereux, à mesure que le temps passe...

Isabelle Cuchet

 


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