L'événement de la semaine.


Pour tout trouver
sur Internet!


Tous les médias
en un clin d'oeil!


Nos nouvelles brèves
  
  


Notre chronique de
vulgarisation scientifique!


Plus de 1500 questions





Hommage à...
Le monde delon GOLDSTYN
La science ne vous interesse pas?
Dossiers
Promenades






semaine du 4 février 2002



Des bébés sans papas


La nature a décrété que pour avoir un embryon, il faut organiser un rendez-vous galant entre un ovule et un spermatozoïde. Des scientifiques américains viennent de décider de se débarrasser du spermatozoïde. Pourquoi faire compliqué, quand on peut faire simple?

Que pensez-vous de cette nouvelle?
Discutez-en dans le forum Science-Presse/Médito


Le résultat, c’est un embryon qui, s’il n’est pas viable, ne pourrait pas moins résoudre d’un seul coup tous les problèmes éthiques qui bloquent le clonage thérapeutique. Presque tous. Le clonage thérapeutique étant cette version du clonage dont l’objectif n’est pas d’obtenir un bébé, mais un embryon d’embryon, qui servira "d’usine à organes".

Car un embryon, c’est le lieu par excellence où trouver ces fameuses cellules-souches qui attirent tant de convoitises depuis trois ans: c’est-à-dire des cellules qui ne se sont pas encore spécialisées, et auxquelles, si on parvient à trouver le truc, on peut ordonner de se transformer en ce qu’on veut (foie, rein, rate, coeur, morceau de peau, etc.). Sauf qu’un embryon, c’est aussi un être humain en devenir, d’où l’opposition farouche d’une foule de groupes —et jusqu’au président américain George Bush- à toute forme d’expérience sur ces cellules-souches, et à toute forme de clonage, thérapeutique ou pas.

Mais qu’arriverait-il si on démontrait qu’il est possible d’obtenir ces cellules-souches juste en ordonnant à un ovule de se diviser ? Normalement, pour qu’il fasse ça, il lui faut un spermatozoïde: de la rencontre des deux jaillit une nouvelle cellule composée des 46 chromosomes constituant le futur être humain. Et à partir de là, la cellule se divise, et devient deux cellules, puis quatre, puis huit, et ainsi de suite. Il existe par contre, dans la nature, des insectes et des lézards qui se reproduisent sans l’aide du spermatozoïde: on appelle ça la parthénogénèse. Or, après l’avoir expérimenté depuis deux ans chez des souris, des scientifiques américains affirment l’avoir accompli, avec succès, chez des singes.

Non pas qu’ils aient obtenu un bébé-singe: l’ovule qu’ils ont obligé à se diviser ne pouvait pas conduire à un être viable, faute, justement, de ce spermatozoïde. Mais l'ovule s’est tout de même divisé jusqu’à donner 300 cellules, ce qui était bien assez pour qu’on puisse commencer à y prélever des cellules-souches. Ce qui fut fait : les chercheurs affirment avoir produit des neurones et des cellules cardiaques et musculaires à partir de ces cellules-souches.

Bref, des embryons éthiquement corrects, pour reprendre le titre de Libération. L’exploit a été accompli par une équipe de l’Université Wake Forest et, surtout , de la firme Advanced Cell Technology —la même qui, à la fin-novembre, avait lancé cette annonce douteuse sur le soi-disant clonage d’un embryon humain —en réalité, des clonages qui s’étaient arrêtés après quelques cellules (lire ce texte). Mais qui avaient justement consisté, dans la moitié des cas, à obliger un ovule-sans-spermatozoïde à se diviser...

La réussite sur ces singes a été annoncée en décembre dans un congrès spécialisé, et ses résultats, publiés dans la dernière édition de la revue Science.

Il a fallu aux chercheurs exposer 77 ovules de macaques à une substance chimique —dont ils se gardent bien de dévoiler la recette- destinée à faire croire à ces ovules qu’ils avaient été fertilisés par le spermatozoïde. De ces 77, le tiers, soit 28, ont commencé à se diviser, et quatre se sont rendus jusqu’au stade appelé blastocyste (environ 300 cellules), où il est possible d’extraire les fameuses cellules-souches.

Bref, c’est une expérience qui ressemble beaucoup à celle sur des cellules humaines dévoilée à la fin-novembre —à cette différence près que cette fois, les scientifiques ont obtenu un vrai résultat.

Prochaine étape, les humains ? C’est ce que croit le président d’Advanced Cell Technology, le Dr Michael West.

Pas si sûr. "Chaque mammifère présente ses propres difficultés", fait remarquer Davor Solter, de l’Institut Max-Planck, en Allemagne, pour l’instant sceptique quand aux applications pratiques de cette réussite.

Mais s’ils croyaient avoir ainsi éliminé les discussions éthiques, les chercheurs se trompaient. "Si ces embryons de primates créés par parthénogénèse semblent avoir les caractéristiques des embryons —au point où les cellules-souches peuvent être extraites et différenciées en différentes parties du corps- alors quoi, nous avons un embryon", s’exclame, sur les ondes de la BBC, le bioéthicien et directeur de la Société religieuse d’Ecosse, le Dr Donald Bruce.

Déjà, certains se surprennent à rêver au jour où, d’un laboratoire, naîtra une brebis Dolly parfaitement en santé... et conçue par parthénogénèse, donc sans papa.

 


En manchette la semaine dernière:
Quand les OGM chinois s'éveilleront...

A lire également cette semaine:
Les cancres de l'environnement

La physique de la corruption

Les souris font l'amour, pas la guerre

Le petit manuel du parfait touriste spatial

Manipuler les gènes avec une télécommande

Et plus encore...


Archives des manchettes




 
Accueil | Hebdo-Science | Le Cyber-Express | Bibliothécaire Québécois | plan du site