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semaine du 14 janvier 2002



La colère est bonne conseillère


La générosité, c’est une excellente chose. Mais que diriez-vous si on vous apprenait que la punition est aussi une forme de générosité.

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Exprimons cela autrement : ce n’est pas l’amour qui mène le monde, ni même l’égoïsme. C’est la colère. C’est la colère qui fournit le ciment nécessaire aux sociétés humaines. C’est la colère qui, ultimement, conduit les gens à coopérer entre eux. Et ainsi, à fonder des familles, et des civilisations.

Il faudrait donc revoir la définition traditionnelle de l’altruisme et de la générosité, écrivent les chercheurs suisses qui font parler beaucoup d’eux depuis la parution d’une recherche dans la dernière édition de la revue Nature. Plutôt que d’associer systématiquement altruisme et générosité, il faudrait y ajouter le concept de "punition altruiste".

Il faut se rappeler au départ que ce qu’on appelle altruisme existe aussi dans la nature: des animaux coopèrent entre eux pour le maintien du groupe. Mais les humains y ajoutent une dimension inédite: ils peuvent coopérer, donner, soutenir, des gens qu’ils ne reverront jamais plus, et de qui, par conséquent, ils ne retireront rien. On appelle cela de la générosité, et c’est la société tout entière qui en profite.

Or, ce concept pourrait aussi s’étendre aux punitions, selon l’économiste Ernst Fehr et ses collègues de l’Institut d’études avancées de l’Université de Zurich. Ils ont conçu un "jeu financier" au début duquel les étudiants ont reçu de l’argent, qu’ils pouvaient garder, ou avec lequel ils pouvaient contribuer au "pot" commun. Plus il y avait d’argent dans le "pot", et plus chaque membre du groupe en recueillait à la fin de la partie.

A ce concept facile, les chercheurs ont ajouté un élément supplémentaire. Les joueurs pouvaient punir ceux qui refusaient de mettre de l’argent dans le pot, ou qui n'en mettaient pas assez. Les punis devaient mettre trois unités monétaires dans le pot, et celui qui avait décidé de la punition devait en mettre une.

"La plupart des gens pensent que lorsque vous punissez quelqu’un, vous le faites pour votre propre bénéfice", résume sur les ondes du réseau ABC David Sloan Wilson, psychobiologiste à l’Université d’État de New York. En théorie donc, les joueurs auraient dû être heureux de punir les avares, puisque cela leur garantissait une plus grande part du butin à la fin de la partie. Sauf que, compte tenu du fait que les participants ne jouaient jamais deux fois de suite avec les mêmes personnes, ils ne pouvaient donc pas espérer que les pertes de la personne punie leur rapportent personnellement: ils ne seraient plus à cette table lorsque viendrait le moment de partager le contenu du pot.

Et pourtant, plus de 80% des joueurs ont opté pour le sacrifice d’une ou plusieurs de leurs pièces, afin de sanctionner ceux qui donnaient le moins au groupe.

Et ça fonctionnait : plus les jours passaient, et plus ceux qui avaient été punis dans des jeux précédents finissaient par donner au groupe. La peur de la punition finissait par l’emporter. La peur de la punition, concluent les chercheurs, serait vitale pour faire naître un esprit de coopération. Du moins, chez une majorité de gens.

Ce n'est pas à proprement parler ce qu'on appellerait une preuve scientifique. Mais ce jeu, Ernst Fehr en est convaincu, ne fait qu’illustrer l’omniprésence de la punition altruiste dans la vraie vie. Ainsi, au travail, ceux qui s’affirment faussement malades "sont traditionnellement sanctionnés par les autres membres du groupe", affirme l’économiste.

Le lien paraît faible, mais on s’étonne de le voir étiré jusqu’à l’actuelle guerre contre le terrorisme. Dans son reportage, ABC affirme que celle-ci peut être expliquée "au moins en partie, par la punition altruiste". Le réseau américain donne en exemple l’habitant d’un petit village de l’Illinois qui a décidé de s’engager après les événements du 11 septembre. "Le risque que des terroristes attaquent son petit village sont minces": cet homme n’a donc aucune raison rationnelle de prendre part au conflit, surtout quand on pense que cela peut lui coûter la vie. Il serait donc poussé à cela en vertu—c’est l’interprétation d’ABC- de ce concept de punition altruiste: punir les "méchants", pour que le groupe tout entier en retire davantage de bénéfices.

"Notre hypothèse est que les émotions négatives (comme la colère) sont la force motrice derrière la punition", explique Fehr. Et qu’en conséquence, la colère serait une des forces motrices de notre civilisation.

Quoique ça, on le savait déjà. Mais il fallait un économiste pour lui accoler une valeur positive...

 


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