La fureur
déclenchée
par
cette annonce selon
laquelle un foetus cloné
de huit semaines serait
"en route", arrive
en effet au moment même
où plusieurs parlements,
aux Etats-Unis et en Europe,
débattent de la légitimité
dinterdire ou non
le clonage humain sous toutes
ses formes cest-à-dire
le clonage proprement dit,
celui qui consiste à
reproduire un être
humain, mais aussi le clonage
thérapeutique, qui
consiste à prélever
des cellules sur un embryon
afin de produire des organes
en vue de transplantations
ou de greffes.
Aux États-Unis
en particulier, deux factions
de politiciens sopposent,
les uns balayant tout du
revers de la main, les autres
étant prêts
à admettre que le
clonage thérapeutique,
lui, mérite de continuer.
Sauf que les frasques de
ce médecin italien,
Severino Antinori, sont
bien capables de faire pencher
la balance: mercredi
dernier, le 10 avril, le
président Bush a
prononcé un discours
devant le Sénat où
il sest fermement
opposé à toute
forme de clonage.
Un projet
de loi a été
adopté en juillet
2001 par la Chambre des
représentants, interdisant
toute forme de clonage.
Mais le Sénat, instance
supérieure, la
bloqué jusquici,
en raison de ce groupe de
sénateurs, surtout
démocrates, qui voudraient
au moins donner la chance
au coureur quest le
clonage thérapeutique.
Le
Sénat doit voter
là-dessus à
la fin-mai.
Et cette fureur
sorganise au grand
dam des experts en reproduction
assistée, pour qui
le clonage thérapeutique
représente une percée
scientifique qui apportera
de lespoir à
des millions de malades
(Alzheimer, Parkinson, etc.),
et au grand dam des firmes
de biotechnologie, pour
qui il représente...
une occasion de gains financiers
non-négligeables.
En revanche,
ces mêmes scientifiques
sont presque unanimes à
réclamer une interdiction
du clonage humain à
des fins de reproduction.
Dans la dernière
édition du Bulletin
of Medical Ethics, publié
à Londres, le rédacteur
en chef, le Dr Richard Nicholson,
écrit que cette annonce
controversée rappelle
lurgence dune
législation internationale
pour bannir le clonage reproductif.
La Grande-Bretagne a été
le premier pays à
autoriser le clonage thérapeutique,
en décembre 2000.
Quant à
lannonce controversée
du Dr Antinori, on nen
sait pas plus depuis
la semaine dernière.
Celui-ci sest muré
dans son silence, une fois
sa bombe lancée.
Plusieurs scientifiques,
comme le père de
la brebis Dolly, Ian Wilmut,
doutent même de sa
réalité tout
en admettant que la chose
soit technologiquement faisable.
A ce jour,
le seul clone humain dûment
vérifié par
des données scientifiques
est cet amalgame qui navait
vécu que quelques
jours et ne sétait
développé
que jusquà
six cellules, annoncé
en novembre par la compagnie
américaine Advanced
Cell Technology (voir
ce texte).
On a parlé
la semaine dernière
des dangers qui pèsent
sur la santé de ce
bébé, et même
sur sa vie : la majorité
des tentatives de faire
naître un clone animal
se sont jusquici soldées
par des fausses couches,
des bébés
malformés, ou porteurs
dun système
immunitaire affaibli, ou
qui sont morts peu après
la naissance (voir notre
manchette de la semaine
dernière). Mais il
en est de même pour
la mère : le
New Scientist rapporte les
propos de Richard Gardner,
expert en embryologie des
mammifères et directeur
du comité de travail
de la Société
royale britannique sur le
clonage. Selon lui, compte
tenu de ce qui sest
passé chez les autres
animaux, la mère
de ce clone se
retrouverait avec un risque
accru de développer
une forme rare du... cancer
de lutérus.
Quelquun
devrait-il envoyer la définition
du mot " irresponsable "
aux cloneurs ?