Peu
décologistes
québécois
se
rendent
à
cette
rencontre
internationale,
prévue
du
26
août
au
4
septembre
à
Johannesburg
en
Afrique
du
Sud,
et
pas
uniquement
parce
que
ça
coûte
cher.
Plusieurs
refusent
dappuyer
les
demi-vérités,
voire
les
mensonges
des
gouvernements
en
matière
de
développement
durable
depuis
dix
ans.
Invités
par
le
gouvernement
fédéral
à
se
joindre
à
une
délégation
dorganisations
non-gouvernementales
canadiennes,
le
Réseau
québécois
des
groupes
écologistes
(RQGE)
et
la
Coalition
Union
Saint-Laurent/Grands
Lacs
jugent
préférables
de
ne
pas
y
participer.
"Je
ne
veux
pas
servir
de
caution
au
gouvernement
du
Canada
qui
sest
servi
de
nous
après
le
Sommet
de
Rio
(1992)
pour
récupérer
le
discours
en
environnement.
Lorsquon
regarde
létat
de
nos
forêts,
de
leau,
sa
position
sur
les
changements
climatiques,
on
voit
bien
que
cest
rendu
encore
pire
quavant ",
explique
Henri
Jacob,
président
du
RQGE.
Le
ministre
délégué
de
lEnvironnement
et
de
leau
du
Québec,
Jean-François
Simard,
a
offert
à
des
organisations
choisies
de
laccompagner.
LUnion
québécoise
pour
la
conservation
de
la
nature
(UQCN)
na
pas
reçu
dinvitation.
"Nous
payons
pour
nos
positions
sur
les
aires
protégées
et
en
matière
de
production
porcine",
croit
Alexandre
Archer,
coordonnateur
de
projets
à
lUQCN.
Les
environnementalistes
québécois
joignent
ainsi
leur
voix
à
des
milliers
dautres,
dont
les
organisations
internationales
Les
Amis
de
la
terre,
le
Fonds
mondial
de
la
nature
et
Greenpeace,
qui
craignent
que
cette
rencontre
internationale
des
Nations
Unies
ne
soit
que
du
gaspillage
dargent
qui
aurait
pu
servir
à
répondre
aux
besoins
en
énergie,
en
eau,
en
santé,
en
sécurité
alimentaire
et
en
préservation
des
ressources.
Stéphane
Gingras
a
assisté
à
la
2e
des
quatre
Rencontres
préparatoires,
à
New
York,
lhiver
dernier.
"Les
résultats
sont
ridicules.
Beaucoup
de
mots
et
à
peu
près
pas
dengagements
concrets.
Cest
la
conséquence
dun
processus
qui
sest
avéré
une
farce
monumentale
depuis
Rio.
Faut
savoir
prioriser
nos
actions.
Jaime
mieux
travailler
à
des
dossiers
ici
plutôt
que
dinvestir
du
temps
dans
un
processus
où
tout
est
arrangé
davance
et
dont
on
ne
veut
pas
le
succès."
Dix
ans
après
Rio
En
1992,
le
Sommet
de
Rio
de
Janeiro
au
Brésil,
avait
soulevé
de
grands
espoirs.
On
avait
cru
un
moment
possible
de
freiner
la
pauvreté
et
la
dégradation
de
lenvironnement,
avec
les
trois
Conventions
internationales,
portant
sur
les
changements
climatiques,
la
diversité
biologique
et
la
désertification.
Dix
ans
plus
tard,
le
climat
ne
cesse
de
se
réchauffer,
les
besoins
en
eau
potable
ont
augmenté
de
40
%,
plus
de
1,2
milliard
dindividus
vivent
toujours
dans
une
pauvreté
qui
affecte
gravement
leur
santé,
et
les
pays
du
Nord
ont
négligé
dintroduire
des
changements
à
leurs
modes
de
production
industrielle.
La
création
des
"Amis
du
président du
Sommet",
par
Thabo
Mbéki,
président
de
lAfrique
du
Sud,
réunissant
les
27
pays
les
plus
riches,
na
pas
davantage
conduit
à
une
version
commune
du
plan
daction
qui
sera
soumis
aux
chefs
dÉtat
dans
le
but
d'appliquer,
voire
accélérer,
la
mise
en
uvre,
dici
2015,
des
recommandations
signées
en
1992.
Les
États
ne
sentendent
pas
non
plus
sur
la
Création
dun
Fonds
de
solidarité
mondiale
ni
sur
le
lancement
dun
programme
daction
pour
élargir
laccès
à
des
services
énergétiques
fiables
et
abordables.
En
fait,
reprochent
les
observateurs
depuis
des
mois,
les
délégués
des
pays
semblent
plus
souvent
qu'autrement
défendre
leurs
intérêts
commerciaux.
Les
États-Unis,
le
Canada,
le
Japon
et
lAustralie
font
bloc
pour
lier
laide
au
développement
aux
engagements
des
pays
pauvres
à
ouvrir
leurs
marchés
et
à
lutter
contre
la
corruption.
Les
133
pays
membres
du
Groupe
des
77
de
leur
côté,
dont
la
Chine
et
lInde,
ne
veulent
pas
sengager
sur
la
protection
de
lenvironnement
et
de
normes
sociales
minimales
(interdisant
entre
autres
le
travail
des
enfants
et
garantissant
le
respect
des
droits
humains).
En
1992,
les
pays
riches
s'étaient
engagés
à
verser,
en
aide
au
développement,
0,7%
de
leur
PNB.
Lors
de
la
conférence
de
lOrganisation
mondiale
du
commerce
au
Qatar
en
1991
et
de
celle
sur
le
financement
du
développement
au
Mexique
en
mars
2002),
on
parlait
plutôt
d'atteindre
0,39%
d'ici
2012.
L'Union
européenne
demande
que
la
Déclaration
de
Johannesburg
préserve
au
moins
ce
dernier
acquis.
Bref,
les
États
du
Sud
remettent
en
question
le
principe
de
faire
leur
part
pour
protéger
lenvironnement
tandis
que
les
États
du
Nord
veulent
atténuer
le
principe
de
"responsabilités
communes
mais
différenciées",
qui
leur
demande
den
faire
plus.
"On
a
longtemps
pensé
à
ne
pas
nous
rendre
à
Johannesburg
mais
finalement
nous
y
serons
pour
tenter
de
ne
pas
reculer
davantage",
commente
Steven
Guilbeault
de
Greenpeace
Canada
et
spécialiste
en
changements
climatiques.
Le
militant,
qui
compte
12
conférences
internationales
à
son
actif,
connaît
bien
les
corridors
des
discussions
officielles.
Il
entend
maintenir
la
pression
sur
la
délégation
canadienne.
"Léchec
nest
pas
une
option.
On
ne
peut
pas
non
plus
se
permettre
de
manquer
notre
coup
et
de
ne
rien
faire.
Il
ny
aurait
pas
de
projets
concrets
sil
ny
avait
pas
de
grandes
conférences
internationales.
Il
faut
être
optimiste
malgré
tout."
Marc
Turgeon,
président
ex-officio
du
Regroupement
national
des
conseils
régionaux
en
environnement
et
président
du
CRE
de
lOutaouais,
entend
profiter
de
loccasion
pour
tisser
des
liens
avec
dautres
organisations
francophones.
"Johannesburg
va
nous
donner
loccasion
de
créer
des
complicités."
Ce
sont
en
effet
les
initiatives
de
partenariat
qui
seront
les
plus
populaires
à
ce
Sommet.
À
défaut
de
prendre
des
engagements
contraignants,
chiffrés
et
datés,
les
États
chercheront
à
sauver
la
face
en
annonçant
des
partenariats
dit
de
type
2:
des
ententes
de
collaboration
entre
des
fonds
gouvernementaux
et
des
fonds
privés
(entreprises,
institutions
internationales,
ONG,
collectivités
locales)
pour
des
actions
ponctuelles
et
précises.
Denise
Proulx