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semaine du 26 août 2002



La déprime des écologistes


F
arce monumentale... Cirque pour les médias... Le Sommet de la Terre, ou Sommet mondial du développement durable, suscite plus de déprime que d'enthousiasme. Même parmi les écolologistes.

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Peu d’écologistes québécois se rendent à cette rencontre internationale, prévue du 26 août au 4 septembre à Johannesburg en Afrique du Sud, et pas uniquement parce que ça coûte cher. Plusieurs refusent d’appuyer les demi-vérités, voire les mensonges des gouvernements en matière de développement durable depuis dix ans.

Invités par le gouvernement fédéral à se joindre à une délégation d’organisations non-gouvernementales canadiennes, le Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE) et la Coalition Union Saint-Laurent/Grands Lacs jugent préférables de ne pas y participer. "Je ne veux pas servir de caution au gouvernement du Canada qui s’est servi de nous après le Sommet de Rio (1992) pour récupérer le discours en environnement. Lorsqu’on regarde l’état de nos forêts, de l’eau, sa position sur les changements climatiques, on voit bien que c’est rendu encore pire qu’avant ", explique Henri Jacob, président du RQGE.

Le ministre délégué de l’Environnement et de l’eau du Québec, Jean-François Simard, a offert à des organisations choisies de l’accompagner. L’Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN) n’a pas reçu d’invitation. "Nous payons pour nos positions sur les aires protégées et en matière de production porcine", croit Alexandre Archer, coordonnateur de projets à l’UQCN.

Les environnementalistes québécois joignent ainsi leur voix à des milliers d’autres, dont les organisations internationales Les Amis de la terre, le Fonds mondial de la nature et Greenpeace, qui craignent que cette rencontre internationale des Nations Unies ne soit que du gaspillage d’argent qui aurait pu servir à répondre aux besoins en énergie, en eau, en santé, en sécurité alimentaire et en préservation des ressources.

Stéphane Gingras a assisté à la 2e des quatre Rencontres préparatoires, à New York, l’hiver dernier. "Les résultats sont ridicules. Beaucoup de mots et à peu près pas d’engagements concrets. C’est la conséquence d’un processus qui s’est avéré une farce monumentale depuis Rio. Faut savoir prioriser nos actions. J’aime mieux travailler à des dossiers ici plutôt que d’investir du temps dans un processus où tout est arrangé d’avance et dont on ne veut pas le succès."

Dix ans après Rio

En 1992, le Sommet de Rio de Janeiro au Brésil, avait soulevé de grands espoirs. On avait cru un moment possible de freiner la pauvreté et la dégradation de l’environnement, avec les trois Conventions internationales, portant sur les changements climatiques, la diversité biologique et la désertification.

Dix ans plus tard, le climat ne cesse de se réchauffer, les besoins en eau potable ont augmenté de 40 %, plus de 1,2 milliard d’individus vivent toujours dans une pauvreté qui affecte gravement leur santé, et les pays du Nord ont négligé d’introduire des changements à leurs modes de production industrielle.

La création des "Amis du président du Sommet", par Thabo Mbéki, président de l’Afrique du Sud, réunissant les 27 pays les plus riches, n’a pas davantage conduit à une version commune du plan d’action qui sera soumis aux chefs d’État dans le but d'appliquer, voire accélérer, la mise en œuvre, d’ici 2015, des recommandations signées en 1992. Les États ne s’entendent pas non plus sur la Création d’un Fonds de solidarité mondiale ni sur le lancement d’un programme d’action pour élargir l’accès à des services énergétiques fiables et abordables. En fait, reprochent les observateurs depuis des mois, les délégués des pays semblent plus souvent qu'autrement défendre leurs intérêts commerciaux.

Les États-Unis, le Canada, le Japon et l’Australie font bloc pour lier l’aide au développement aux engagements des pays pauvres à ouvrir leurs marchés et à lutter contre la corruption. Les 133 pays membres du Groupe des 77 de leur côté, dont la Chine et l’Inde, ne veulent pas s’engager sur la protection de l’environnement et de normes sociales minimales (interdisant entre autres le travail des enfants et garantissant le respect des droits humains).

En 1992, les pays riches s'étaient engagés à verser, en aide au développement, 0,7% de leur PNB. Lors de la conférence de l’Organisation mondiale du commerce au Qatar en 1991 et de celle sur le financement du développement au Mexique en mars 2002), on parlait plutôt d'atteindre 0,39% d'ici 2012. L'Union européenne demande que la Déclaration de Johannesburg préserve au moins ce dernier acquis.

Bref, les États du Sud remettent en question le principe de faire leur part pour protéger l’environnement tandis que les États du Nord veulent atténuer le principe de "responsabilités communes mais différenciées", qui leur demande d’en faire plus. "On a longtemps pensé à ne pas nous rendre à Johannesburg mais finalement nous y serons pour tenter de ne pas reculer davantage", commente Steven Guilbeault de Greenpeace Canada et spécialiste en changements climatiques. Le militant, qui compte 12 conférences internationales à son actif, connaît bien les corridors des discussions officielles. Il entend maintenir la pression sur la délégation canadienne. "L’échec n’est pas une option. On ne peut pas non plus se permettre de manquer notre coup et de ne rien faire. Il n’y aurait pas de projets concrets s’il n’y avait pas de grandes conférences internationales. Il faut être optimiste malgré tout."

Marc Turgeon, président ex-officio du Regroupement national des conseils régionaux en environnement et président du CRE de l’Outaouais, entend profiter de l’occasion pour tisser des liens avec d’autres organisations francophones. "Johannesburg va nous donner l’occasion de créer des complicités."

Ce sont en effet les initiatives de partenariat qui seront les plus populaires à ce Sommet. À défaut de prendre des engagements contraignants, chiffrés et datés, les États chercheront à sauver la face en annonçant des partenariats dit de type 2: des ententes de collaboration entre des fonds gouvernementaux et des fonds privés (entreprises, institutions internationales, ONG, collectivités locales) pour des actions ponctuelles et précises.

Denise Proulx


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