
Le 1er décembre
2003

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Sida: en faisons-nous assez?
(Agence Science-Presse) - L'Organisation mondiale
de la santé a profité de la Journée
mondiale du sida, le 1er décembre, pour
annoncer un nouveau programme d'aide visant à fournir
à 3 millions des plus pauvres de la planète
les médicaments nécessaires. Pendant que,
dans certains coins du globe, des programmes de prévention
rappellent qu'avant même d'en arriver aux médicaments,
il est possible d'accomplir des miracles si on se donne
la peine de diffuser de l'information...
L'exemple le plus souvent cité est
celui de l'Ouganda: de vigoureux programmes de prévention
doublés d'une implication du gouvernement phénomène
rare ont permis, en 12 ans, de faire dégringoler
le nombre de nouvelles infections. Pendant que le Zimbabwé
frôle les 30% d'infections, l'Ouganda est passé
sous la barre des 10%.
L'Inde est également à l'avant-garde,
encore que, dans son cas, les tabous religieux et l'inconscience
des gouvernants n'ont jamais eu le même poids que
dans certains pays d'Afrique.
Quant à la Chine, on s'interroge sur
ce qui s'y passe vraiment: elle aurait à présent
1,5 million de sidéens, et le nombre de nouvelles
infections aurait grimpé de 30% depuis trois ans,
selon l'Onusida. Or, comme l'information n'a jamais été
la force de ce gouvernement, on craint le pire. Ce n'est
que cette semaine, toujours à l'occasion de la Journée
mondiale du sida, que le premier ministre chinois est devenu
le premier haut dignitaire de son pays à visiter
des sidéens dans un hôpital. Un grand pas en
avant, mais qui rappelle la longue marche qui reste à
faire...
Ailleurs
dans le monde, le 1er décembre est
l'occasion de congrès, manifestations, prises de
position publiques de la part de vedettes du sport ou du
cinéma, dans l'espoir que l'information atteigne
les oreilles de ceux qui en ont le plus besoin en
sus de la pauvreté, l'ignorance est le principal
facteur de risque.
Mais l'information n'est pas tout. Il a fallu
une demi-décennie de pressions internationales avant
d'enfin déboucher sur une première entente
internationale autorisant la livraison, dans les pays pauvres,
de copies moins coûteuses des médicaments anti-sida.
Et les médicaments n'y sont pas encore: tout, de
la production à la livraison en passant par la distribution
dans les villes et villages, reste à organiser.
C'est dans ce contexte qu'il faut placer l'annonce
de l'OMS: l'objectif est de fournir à 3 millions
de personnes, d'ici 2005, les médicaments et surtout
l'infrastructure (personnel soignant, service de livraison
régulier, pour assurer que les prescriptions soient
suivies scrupuleusement). Le plan est louable, mais comme
l'a rappelé le secrétaire général
des Nations Unies, Kofi Annan, les cibles fixées
dans la Déclaration de l'ONU de 2001 n'ont pas été
atteintes. Le
monde perd la guerre contre le sida, a-t-il déclaré
en critiquant les chefs d'État autant des pays développés,
pour qui les investissements réclamés ne représentent
qu'une portion minime de leurs budgets, et les chefs d'État
des pays en voie de développement, qui minimisent
ou nient l'importance de la maladie... ou qui n'osent même
pas prononcer le mot "condom" en public, parce que l'Église
catholique leur a enseigné qu'il ne fallait pas dire
un aussi vilain mot.
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