
Le 5 février 2003

Retour
au sommaire des capsules
La politique a-t-elle tué Columbia?
(Agence Science-Presse) - La cause immédiate
de la tragédie de Columbia se révélera
peut-être un revêtement fautif ou un joint défectueux.
Mais la cause à long terme, ce pourrait être
la politique.
De coupes budgétaires en coupes budgétaires
depuis 20 ans, le programme des navettes spatiales a vu
également rétrécir ses marges de sécurité.
Jusqu'au Vérificateur général des Etats-Unis
qui, en juillet 2002, avait blâmé la gestion
déficiente d'un programme qui, au cours des trois
années précédentes, avait été
marqué par une série d'incidents. Des incidents
sans gravité au premier abord, mais dont l'accumulation
inhabituelle laissait craindre le pire.
Ils seront donc sans doute nombreux à
jeter la pierre aux autorités américaines
au cours des prochaines semaines, et à parler de
"budgets
conduisant à un désastre", comme le titre
cette semaine le magazine Alternet. En coupant dans
tout ce que d'aucuns prétendaient être "non
indispensable", la Nasa "est devenue une agence cédée
aux militaires et, en deuxième lieu, aux corporations".
La science est devenue à ce point marginale que les
journalistes furent nombreux, ces derniers jours, à
s'étonner de l'importance qu'elle avait prise dans
cette mission-ci: une mission entièrement scientifique,
on n'avait plus vu cela depuis longtemps!
Et il ne faut pas attribuer ces propos à
un quelconque radicalisme de la part de ce magazine alternatif:
le magazine de vulgarisation scientifique The New Scientist
va exactement dans la même direction, lorsqu'il
rappelle que les
budgets de la Nasa ont été réduits
de 40% depuis 1990 -un "détail" qui avait conduit
un groupe d'experts indépendant, en avril 2002, à
prévenir que cela menaçait jusqu'à
la sécurité des astronautes (voir
notre manchette).
Dans sa proposition de budget 2004, déposée
la semaine dernière, avant la tragédie de
Columbia, le président Bush évoquait, pour
la première fois depuis longtemps, une hausse du
budget de la Nasa de près d'un demi-milliard, ce
qui le ferait passer à 15,5 milliards$.
Une somme tout de même élevée.
Seraient-ce les priorités qui auraient été
mal placées? On s'est par exemple remis à
parler de "l'avion spatial" ces derniers jours, ce projet
de navette moins coûteuse, censée remplacer
les navettes actuelles au cours de la décennie 2010...
ou 2020. Un avion spatial qui aurait pu naître beaucoup
plus tôt, si on l'avait placé plus haut dans
la liste des priorités.
Mais l'avion spatial a eu la malchance d'apparaître
sur les planches à dessin dans les années
80, à la même époque où nombre
d'ingénieurs et d'investisseurs étaient mobilisés
pour réfléchir à un autre projet spatial:
"l'Initiative de défense statégique", aussi
connue sous le nom de Star Wars...
Capsule
suivante
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|