
Le 4 mars 2003

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Irak: les scientifiques doivent-ils se prononcer? (3)
(Agence Science-Presse) - Si les scientifiques
ne prennent pas beaucoup position pour ou contre la guerre
(voir ce texte), il n'en est
pas de même des médecins: c'est d'eux que sont
venues les quelques rares études "scientifiques"
sur les effets d'un tel conflit, dont celle de Medact qui
estimait que le nombre de morts en Irak pourrait aller jusqu'à
250 000... pendant les trois premiers mois seulement (voir
ce texte). Par ailleurs, quelques revues spécialisées
en médecine ont écrit là-dessus au
cours de la dernière année: en première
ligne, les britanniques The Lancet et le British
Medical Journal.
Outre-Atlantique par contre, c'est moins clair.
On n'a pas vu l'Association médicale américaine
financer ou parrainer d'étude similaire à
celle des confrères britanniques et, s'il fut un
temps où le New England Journal of Medicine
était plus "engagé", son rédacteur
en chef actuel, Jeffrey Drazen, a clairement affiché
sa philosophie en éditorial (avant la crise irakienne):
les médecins devraient laisser la politique aux politiciens.
Il n'en a pas toujours été ainsi,
rappelle le rédacteur médical Norman Bauman:
le 31 mai 1962, le New England Journal of Medicine
publiait un numéro spécial intitulé
"Les conséquences médicales d'une guerre thermonucléaire",
avec des signatures prestigieuses -dont certaines ramasseraient
même un Nobel des années plus tard. Publier
un tel numéro, en 1962, soit à l'apogée
de la guerre froide (la crise des missiles de Cuba, qui
mettrait la planète au bord d'une guerre atomique,
aurait lieu l'automne suivant), était audacieux.
D'autant plus que les conclusions des chercheurs allaient
à l'encontre des positions de l'administration américaine:
une guerre nucléaire détruira le pays, les
médecins seront impuissants à traiter les
victimes et la seule façon acceptable pour eux de
faire affaire avec une telle guerre... serait de tout faire
pour l'empêcher.
A ceux qui le critiquèrent d'avoir
pris une position aussi "subjective", le Journal
répondit que parce que les médecins possèdent
une connaissance particulière de ces faits, il est
de leur responsabilité d'en informer le public.
La responsabilité des médecins
-et des scientifiques- a-t-elle changé depuis 1962?
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