
Le 17 avril 2003

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La science de l'avenir
(Agence Science-Presse) - La collaboration
internationale qui a permis le décodage du génome
humain: une leçon pour l'avenir de la science. Alors
que le projet international, jadis appelé Hugo, arrive
au terme de son travail de plus d'une décennie, ses
principaux patrons se permettent quelques tapes sur l'épaule:
les choses furent parfois tendues surtout lorsqu'on
s'est mis à parler, il y a quatre ans, d'une course
entre l'entreprise privée et eux mais l'expérience
accumulée, disent-ils, servira bien au-delà
des connaissances scientifiques.
"Le Projet génome humain aura
été la première incursion majeure de
la recherche biologique et médicale dans la "grande
science", écrivent en ouverture de leur anayse
publiée par la revue Science Francis Collins
(directeur de l'Institut national de recherche sur le génome
humain), Michael Morgan (du Fonds britannique Wellcome Trust)
et Aristides Patrinos (du ministère américain
de l'Énergie, qui avait été le premier,
dès 1986, à lancer une initiative de décodage
de notre génome). "Nous croyons que plusieurs
des leçons apprises seront applicables à de
futurs projets à grande échelle en biologie."
Ce qui, mine de rien, est un euphémisme,
attendu qu'à peu près tous les projets majeurs
qui figurent en ce moment sur la liste d'attente des biologistes
sont des projets à grande échelle: décodage
des génomes de dizaines d'animaux, comparaison de
ces génomes avec le nôtre, décodage
de la carte des protéines produites par nos gènes,
attribution d'un rôle à ces milliards de milliards
de paires de base qui composent ces centaines de milliers
de gènes, les nôtres et ceux des autres...
La liste défie l'imagination, et chacun de ces projets,
à lui seul, a de quoi mobiliser des cerveaux pendant
des décennies.
L'arrivée au bout de cette entreprise
les scientifiques ont annoncé plus tôt
ce mois-ci avoir complété la carte de plus
de 99% de nos gènes, après avoir annoncé
en grandes pompes, il y a trois ans, en avoir complété
97% permet de célébrer, au passage,
le fait d'avoir développé une armada de nouvelles
technologies qui servent d'ores et déjà dans
les laboratoires de génétique du monde entier;
la naissance de nouvelles disciplines comme la bioinformatique;
les investissements accrus dans des programmes de recherche
en bioéthique; et une meilleure circulation de l'information,
laquelle ne s'est concrétisée qu'après
certains grincements de dents de l'entreprise privée,
désireuse de garder la main haute sur d'éventuelles
et à ce jour, toujours hypothétiques
découvertes lucratives.
Hugo fut un projet international dès
le départ: Américains (Collège Baylor
de Houston, Institut Whitehead de Cambridge, en plus du
ministère de l'Énergie) et Britanniques (Institut
Sanger) surtout, mais aussi Français, Japonais, Allemands
et Chinois. Vingt centres de recherche dans ces six pays
ont, tour à tour ou simultanément, décodé
tout ou partie d'un chromosome ou d'une séquence
génétique. "L'implication de scientifiques
de nations diverses, travaillant ensemble en dépit
de l'absence de toute autorité financière
centrale", ne s'était jamais produite à
cette échelle, et l'explosion d'Internet au milieu
des années 90 s'est produite juste au bon moment
pour cristalliser cette collaboration internationale.
Une collaboration internationale pacifique
qui plus est, ce qui, par les temps qui courent, n'est peut-être
pas assez salué...
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